Deux hommes, deux destins antagonistes et une confrontation
nocturne tendue : l'un deux a pris la vie à bras le corps
(il est tueur à gage ; on ne connaîtra que très
partiellement son histoire), l'autre est un quidam, un simple
mortel qui attend que la chance lui tombe dessus...
Une confrontation, deux visions extrêmes de la vie, plus
qu'un banal film d'action : la réalisation est centrée
-non : recentrée- sur les 2 acteurs principaux, croisant
leurs regards, les prolongeant, s'immisçant dans leur
point de vue, ouvrant les champs, mettant les spectateurs au
corps à corps avec eux, ou plutôt à l'intérieur
de leur tête, prisonniers que nous devenons, de la ville
tentaculaire, du tueur et du scénario implacable ; bien
plus probant, plus complexe, plus subtile et plus puissant que
d'amples mouvements de grue ou de caméras dirigées
par ordinateur. Croyiez-moi : il y a très longtemps que
je n'avais pas vu si belle mécanique filmique, fluide
et brillante au possible, une mise en abîme cinématographique
(les nombreuses contre-plongées le prouvent), à
voir, à revoir et à étudier, sans aucun
doute.
La musique participe de beaucoup au spectacle : elle est époustouflante
et magnifie les scènes à merveille (la séquence
dans la boite de nuit est tout simplement une perle). Et puis
l'on pourrait évoquer la psychologie des personnages,
l'atmosphère urbaine, l'isolation, la dernière
scène -un suspens de 30 minutes à couper le souffle-...
etc.
Mann reste actuellement l'un des meilleurs réalisateurs
américains.