Un Scorsese dont la réalisation est
comme du velours, quand elle n'est pas sous emphétamines,
une œuvre qui semble répondre de loin à
After
hours ou encore
Taxi
driver.
Les nuits d'ambulanciers new yorkais, un en particulier, avec
de multiples visites à des services d'urgence engorgés,
noyés dans cette jungle urbaine, dans cette faune bariolée
de fou, paradis des camés, des putes et des fantômes.
Habitée par la mort et les noctambules qui se donnent
en spectacle aux véhicules qui passent, spectacle de
la vie d'une cité moderne agonisante.
A tombeau ouvert propose une exploration nocturne
de la Grande Pomme, musicale -forcément-, à la
photo salement délavée, aux dialogues piquants
et dotés d'un humour féroce ("Ne m'obligez
pas à enlever mes lunettes"). Avec son lot de scènes
ineffaçables de notre mémoire. Un choc.
A tombeau ouvert est tout autant un film bassement
humain, terriblement, tristement humain, un constat morose dont
la folie devient vite communicative : celle d'un N. Cage introspectif
en ambulancier traumatisé qui sombre petit à petit,
hanté, ravagé par la fatigue, au bout du rouleau.
L'espoir naissant dans la douceur d'un semblant de relation
; humaine.
Cette oeuvre trop méconnue est en réalité
un putain de trip cinématographique, poisseux, dépressif,
halluciné, condensé d'une espèce humaine
au bord de la rupture, malade de vivre dans l'enfer de la cité,
malade de vivre sur un chemin dont le seul enjeu semble être
la mort. La libération.
Remarquable.