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Taxi driver
Budget = 1,9 M$
BOX OFFICE France = ? / ? - ? 000 - 2 754 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,116 / 28,3 M$
BOX OFFICE Monde = - M$
 

Toutes les lumières de la ville : pastelles, flashies, rouges, jaunes, vertes et ocres. La musique en leitmotiv, obsessionnelle, et une bande-son épaisse comme la nuit urbaine. Ambiance...
Travis nous est présenté comme le héros de cette histoire : la façon dont est filmé le premier dialogue avec son employeur ne laissant planer aucun doute là-dessus. Il nous est alors décris avec précision : un taxi driver insomniaque, un brin dépressif et écrivant son mal-être sur son journal, un vétéran à la morale sèche et raide, obsédé par une femme ; par deux femmes. Mais également un accroc au porno, aux médocs et à l'alcool.
La caméra se promène, fouille la personnalité de chacun des caractères, de toute la faune new-yorkaise, le moindre recoin sombre de la ville, le tout souligné par un montage cisellé. Un travail à la précision métronomique qui enveloppe le moindre dialogue afin de nous faire ressentir tout ce que les personnages éprouvent. A ce propos le 1er contact vocal avec Betsy est pour le moins extraordinaire : un simple zoom pour démontrer la soudaine fragilité, la timidité de Travis ; un nouveau zoom, arrière cette fois-ci, et le héros reprend l'ascendant sur sa locutrice. Un chef d'oeuvre se mesure à sa capacité à pouvoir être analysé plan par plan ? Et bien il n'y a pas un pan de ce métrage à jeter.
Mettant en exergue le beau monde -symbolisé par celui de la politique-, les gens beaux, les gens biens, les gens propres, avec celui de la rue, les putes, les macs, les drogués, les escrocs, les noctambules, Taxi driver nous fait littéralement plonger dans ces deux univers qui ne peuvent se mélanger. A l'image de son héros, le scénario est sans cesse à la recherche de la beauté. Travis ne pouvant que toucher du doigt un inaccessible idéal (Betsy), il s'en retournera dans le bourbier de son existence. Et quand la beauté -incarnée par la toute jeune Jodie Foster- s'invite enfin dans la crasse immonde de New York, Travis, recroquevillé sur lui-même, dégoupillera, se mouvant en justicier auto-proclamé afin de ne plus laisser la souillure d'une société qu'il juge malade atteindre cette déesse innocente... La jeune prostituée devenant le symbole de la justice, de l'espoir et de l'avenir.
Le film se joue de toutes morale et clame que la société est elle-même le Mal. La politique ne peut plus rien pour Travis, lui seul peut sauver le monde en éliminant ses sâlissures. Taxi driver est la prévisualisation d'un monde en panne de solutions, à bout d'idées, préfigurant ce que sera le futur d'une Amérique complètement paumée.
Taxi driver disserte sur la noirceur de la ville, ses travers, ses fautes, ses imperfections, ses monstruosités, ses abjections, c'est un film enragé, brut, sentant le souffre, explosif, où la violence de Travis répond à la violence du monde. Jusqu'à ce final sublimement ambigu où la happy end s'extraie d'un exultoire de haine, décollant littérallement à l'image du plan aérien et en traveling arrière, depuis le corps inerte de Travis jusqu'au moment où on nous laisse imaginer que l'âme quitte le corps du héros ; le héros d'avant l'implosion. Avant qu'il ne soit réhabilité par tous. Tous.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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