La grammaire cinématographique de Michael Haneke est
d'une pauvreté si affligeante que regarder son film relève
de l'exploit ou de l'inconscience aveugle du non initié
: : la caméra obéit aux comédiens, silencieuse,
ne témoignant de rien et ne transmettant d'aucune façon
l'émotion sensée se dérouler sur la scène,
centrant ses personnages dans le cadre rigide de l'appartement,
équilibrant bêtement ses plans comme pour ne pas
prendre de risque... à moins que le réalisateur
est voulu signifier le handicap de son personnage en usant de
plans "paralytiques" ? En découle un film long,
que dis-je, interminable, qui se borne à ne décrire
platement sans jamais transcender, autant par des dialogues
assoupissant que par des plans fixes où l'on croirait
voir revivre le cinéma stalinien, images dénuées
de sens, froides, sans l'ombre d'une émotion, se permettant
mêmes des ellipses mal appropriées. Eprouvant.
Et puis je trouve que tout ce foin autour d'E. Riva est franchement
exagéré : si elle a un rôle à "oscar",
dans la première partie elle n'est absolument pas convaincante
et se fait voler la vedette par l'immense J-L. Trintignant.
Le sujet est ambitieux pourtant : la vieillesse conjointe à
la maladie, ouvrant sur ce fameux droit à mourir ; mais
le film est disserté sur un scénario de court-métrage
et ressemble à s'y méprendre à un documentaire
médical pour étudiants de 1ère année
de médecine. Sans intéret aucun, voir pathétique
dans la mesure où l'on connait la fin et qu'un minimum
de réflexion nous permet de remettre les pièces
du puzzle en place dès les 1ères images. Qu'à
donc voulu faire et prouver Haneke ? Une oeuvre pour choquer
la jeunesse guère concernée par le désoeuvrement
de ses anciens ? Ce n'est en rien le public cible. Emouvoir
les plus âgés en les mettant devant leur faiblesses
de parents et de fils / filles ? Sans doute : mais alors pourquoi
tenir à distance respectable ce même spectateur
par le biais d'un ennui autant cinématographique qu'humain
? Non : je ne comprends pas ce film et encore moins la démarche
de son auteur.