American bluff est un film dual. Explications
: je suis passé à côté de l'histoire
(mais le scénario est effectivement séduisant),
le bluff est flou, ou plutôt sans grand relief, les contours
sont mal dessinés, pas assez complexes pour être
excitants et me happer. Tout cela tourne autour de bien peu
de choses (une suite d'hôtel, un faux vrai bluff). Mais
c'est avant tout un immense, immense numéro d'acteurs
et une plongée incroyable dans les 70's : on y palpe
les couleurs, la musicalité, les émotions et la
folie. Russell adore ses comédiens : sa caméra
aussi et sa réalisation est absolument remarquable (ses
travellings avant démentiels), donnant du mouvement à
chacun des dialogues. Juste pour le plaisir voici le décryptage
d'une scène courte et complètement anodine : 3
personnages dans un ascenseur, un plan de coupe après
le plan du premier, un léger travelling sur les deux
autres... qui sont en couple ; simple et terriblement efficace
pour valoriser aux yeux des spectateurs les liens qui les unissent.
Sinon le film est bien trop long à se décanter
et le thème, la toile de fond... y restera : au fond.
Le mensonge sous toutes ses coutures, de la coiffure du héros
aux arnaques, de l'infiltration au faux accent, des mots jusqu'aux
tromperies amoureuses. Tout cela pour arriver, avouons-le, à
un joli final.