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INTERVIEW de Stéphane REUS, assistant réalisateur

- Peux-tu nous faire découvrir en quelques phrases ton métier d'assistant réalisateur ?
Le 1er assistant intervient dès les débuts de la préparation d’un film. Mon métier consiste à coordonner tous les corps de métier, et à soulager le réalisateur des problèmes techniques, de façon à ce qu’il reste concentré sur la partie artistique de son film. Je dois avoir une connaissance parfaite du scénario, aussi bien d’un point de vue décor, machinerie, costumes, maquillage, SFX etc…, pour organiser le tournage. Ensuite je fais un plan de travail, sur lequel j‘évalue le temps de tournage ainsi que l’organisation des journées en fonction des décors, des disponibilités des comédiens, des SFX etc…. Bref je tiens compte de toutes les contraintes techniques et artistiques pour essayer des faire des journées « logiques ». Ensuite il y a le tournage. Là mon rôle consiste a faire rentrer les journées que j’ai fait sur le plan de travail, à coordonner les différents corps de métiers, et à préparer la journée du lendemain et ainsi de suite. Le 1er assistant doit être au courant de tout ce qui se passe sur un film, surtout des problèmes pour pouvoir rebondir de jour en jour. Un tournage est une gestion permanente de problèmes…

- Quelle est la différence avec celui "de réalisateur de 2nde équipe" ?
Ce sont 2 métiers différents !!! Un réalisateur 2éme équipe est un réalisateur qui vient soulager « l’équipe » 1. Par exemple, sur des films avec des poursuites de voitures, il peut y avoir un réalisateur qui intervient que pour faire les plans avec les voitures pendant que le réalisateur s’occupe des plans de comédie avec ses comédiens. Il y a souvent un 1er assistant réalisateur avec un réal 2éme équipe.

- Quel a été ton parcours (école...) pour accéder à ce poste ?
Je n’ai fait aucune école… !!! Par contre j’ai commencé à la décoration, ou j’ai fait 20/25 films, ce qui m’a permis d’apprendre le métier et de voir le fonctionnement d’un plateau. C’est de là que m’est venu l’envie d’être 1er assistant réalisateur. Après avoir quitté la déco j’ai du rencontré de jeunes réalisateurs qui se lançaient pour commencer avec eux. J’ai commencé avec Xavier Gens qui a réalisé Frontières et Hitman, Stéphane Lionardo, jeune réal qui vient de faire son court métrage Adam+ Eve, Julien Séri réalisateur de talent confirmé qui ne vit que pour ça, un passionné et plein de jeunes qui concrétisent les espoirs mis sur eux…

- A quoi rêvait un futur assistant - réalisateur quand il était petit ?
EHEHEH… A Spielberg, Lucas, Mad Max, Star Wars, Rocky, Superman, Scorcese, De Palma et tellement d’autres… Peu de Français je l’avoue, mais en vieillissant je me suis rendu compte de la richesse de notre cinéma… Mais il est vrai que n’y connaissant rien, je ne pensais même pas pouvoir bosser « dans » le cinéma un jour… C’est un vrai rêve que je vis tous les jours…

- Peux-tu évoquer pour mes lecteurs quelques une de tes expériences pro ?
Cela fait maintenant 6 ans que je suis assistant réalisateur, j’ai fait mon 1er long en novembre 2007, MUTANTS de David Morley, ce fut une superbe expérience. C’était son 1er long, sûrement pas son dernier au vu de son talent, mais je dois avouer que l’expérience fut unique… Une ambiance extraordinaire, des comédiens magnifiques (Hélène de Fougerolles est juste incroyable, Francis Renaud HA-LLU-CI-NANT et une équipe technique qui a donné énormément pour satisfaire un réalisateur génial…). Il y a aussi Julien Séri (Les fils du vent, Scorpion et plus de 200 pubs) avec qui je viens de faire un énorme court-métrage, Légende de sang, pour la série sable noir de Canal. 2 super réal, mais deux méthodes différentes de travail qui me vont bien !
Sinon à la déco, j’ai bossé sur Jeanne D'arc de Luc Besson, ce fut une expérience incroyable aussi. 1600 figurants, 600 techniciens sur un plateau… PFFF une machine incroyable, assez excitant à faire. Didier d’Alain Chabat, une ambiance du tonnerre… Jason Bourne méthode américaine ou on a tout ce que l’on veut, même les salaires étaient supérieur de 30%... Plus tous les autres car il est vrai qu’un film c’est très très excitant à faire.

- Avec qui as-tu travaillé ? Avec qui aimerais-tu travailler ?
Avant de faire mon 1er long, je me suis fait les dents sur plus de 100 films, (clips, pubs et courts confondus) j’ai rencontré, donc beaucoup, beaucoup de réalisateurs. J’adore bosser avec des réalisateurs qui ont un vrai univers… Avec qui j’aimerais bosser… ??? Etant donné qu’un film est une nouvelle aventure à chaque fois, je crois que je n’aimerais pas de réalisateurs trop caractériels ou qui se la pètent. J’aime la simplicité chez l’être humain.

- Est-ce que la prochaine étape d'un assistant réalisateur est forcément de devenir réalisateur ?
Il est vrai que ma première envie est la réalisation. On dit souvent que pour un premier assistant la suite est soit la réalisation ou la direction de production. Je pencherais plus vers la réalisation… J’ai déjà réalisé quelques clips, pubs, un court métrage et je vais tenter dans un futur proche d’en réaliser un autre… J’écris des films aussi, avec l’espoir de les vendre un jour ou pourquoi pas de les réaliser… A suivre donc…

- Comment abordes-tu un film lorsque tu vas au cinéma en tant que spectateur, tes yeux repère-t-il avant tout le travail de la réalisation ?
Malheureusement je regarde tout. La mise en scène certes, mais aussi la déco, les costumes, la lumière, le jeu des comédiens, bref tout ce qui compose un film… C’est dur ! Je ne suis plus très objectif mais en même temps il y a dans tous les films des choses qui me plaisent, un mouvement de caméra, une lumière ou autre…

- Est-ce que l'on peut te demander combien gagne un assistant réalisateur sur un film (interdit de répondre : pas assez !) ?
Le salaire de base pour un long-métrage, 1251,84 € brut et pour 35h par semaine. C’est bien, mais il est vrai que je fais des films pour moins que ça, j’aime tellement mon métier…

- Que penses-tu des prises de positions de Pascal Ferran à propos du cinéma français et de l'engagement de certains vis-à-vis des intermittents du spectacle ?
Le débat est compliqué… Le système d’intermittence est en train de vivre ses dernières heures je pense. Il faut une refonte totale du système. J’ai des potes qui vident des camions pour des événements commerciaux et qui sont intermittents… L’intermittence nous permettait de nous investir dans des courts-métrages, des spectacles vivants sans être payé. En gros ce système devait permettre de créer sans se soucier au début de l’argent… Cela devient de plus en plus difficile. Mais en ce moment tout les acteurs du secteur parle du financement des films et du statut des gens qui font les films et spectacles, on verra bien ce qui va en sortir…

- Tes goûts en matière de cinoche, qu'as-tu vu dernièrement qui t'ais fait kiffer ?
j’aime les grandes histoires. Sergio Leone est un maître pour moi. Spielberg aussi, tout comme De Palma, Scorcese, Soderberg et plein de mec qui savent raconter des histoires. Récemment j’ai beaucoup aimé, There will be blood, 3H10 pour Yuma, des fresques justement. Les fils de l'homme que j’avais loupé à la sortie, 28 jours plus tard, assez incroyable, American gangsters… Entre autre…

- Merci beaucoup !

Merci à toi et bravo pour ton site…