Alors, pour faire simple et sans concession aucune, ce nouveau
Pixar "réussi" le grand écart complet
entre les Télétubbies et le cours de neuro-sciences
(mâtiné d'un soupçon de Freud).
Le concept
de base est résolument neuf, frais et complètement
excitant : passer dans la tête d'un personnage / petite
fille et découvrir le fonctionnement de son cerveau par
le biais de ses émotions ; celles-ci guident l'être
en tant que gardiennes des souvenirs et des rêves mais
sont tout autant à la merci de l'environnement, de la mémoire, des sentiments,
des pôles d'intérêts...etc. Bon : je simplifie,
mais le but est également là. Dans la simplification.
Entre l'esthétisme parfait du monde réel et celui
très flashy des 70's, un peu appuyé sans doute
pour représenter les pensées d'une fillette de
cet âge (les îles auraient pû évoluer entre l'âge bébé et les 11 ans), il y a une fois de plus un très grand
écart effectué... Sur le fond cet envers du
décor inédit et plutôt ambitieux pourrait
d'ailleurs se résumer au combat quotidien entre les deux
émotions reines : la joie et la tristesse. Et ça
change beaucoup de chose à l'essence de l'oeuvre, car
notre personnage n'est plus un vulgaire pantin manichéen
confronté seulement à l'éternel lutte entre
le Bien et le Mal, mais il est plutôt l'esclave de ses
émotions (et là je vous renvoie à vos cours
de philosophie / religion), elle-même génératrices
de ses souvenirs, ceux qui font de nous ce que nous sommes. Unique et tiraillé.
Les archétypes sont donc très bien sentis (les
design des émotions, sans contours) et dans l'ensemble le film donne
le sourire et caresse notre intellect dans le sens du poil...
avant de se transformer en une espèce de L'aventure
intérieure psychique aux côtés d'un marchmallow
(sic !) et de perdre de sa force pour mieux pointer du doigt
les plus jeunes de nos spectateurs ; même si l'imagination
en roue libre laisse place à une multitudes d'idées
bienvenues et très fines telles que la perte irréversible de certains souvenirs, le mélange entre faits et opinions, les musiques de pubs entêtantes, les pensées abstraites, la forêt de brocolis, le déjà-vu...etc. De plus l'aventure réelle de la jeune fille
n'a rien de bien existant -un déménagement bien américain- et aurait pu être beaucoup mieux
travaillée afin de donner une véritable seconde
dimension à l'oeuvre ; les trames sont trop linéaires
pour satisfaire à notre besoin cinéphilique, tout
du moins adulte.
Un film, au final, un peu tiraillé entre
des extrêmes et qui manque d'une plus grande cohésion
interne, se trouvant plus proche du cours de science imagé
et très pédagogique que du film finement scénarisé
en son milieu, se perdant un peu à jouer les équilibristes
entre le métrage définitivement adulte et la vulgarisation
infantile.
Et s'il manquait tout simplement... d'émotions
???
NOTE : 13 -14 / 20