Ce que j'attends avant tout d'un film c'est d'être pris
à rebrousse-poil, étonné, emporté
: Soul est un cartoon qui ose le jazz, se dotant
enfin d'un héros afro-américain et tentant l'approche
métaphysique pour aborder des thématiques adultes.
Une fois de plus, après Soul vous ne
regarderez plus un cartoon comme avant : les épisodes
se déroulant sur Terre possède une densité
d'images invraisemblable, provenant d'un travail sur les textures
proche de la perfection, d'une colorisation proprement éblouissante
et d'un photo-réalisme prodigieux qui tranche avec le
simplisme assumé du monde des âmes. Quelque part
"enfantin" afin de signifier un état antérieur
à la naissance, mais pas toujours agréable visuellement.
Il s'en trouve une oeuvre foudroyante d'imagination (l'idée
d'une création de la personnalité post-natale
dont la passion serait la flamme de l'existence) où,
à la perfection technique, s'ajoute un hommage vibrant
aux images animées et à l'art en général,
depuis Picasso jusqu'à O. Cavandoli.
Soul est donc un anim' qui ne ressemble à
aucun autre (il y a sans aucun doute un peu de Vice
versa, non ?), à l'imagination sans borne, avec une
foultitude de petits messages destinés à nous
faire du bien (sur nos obsessions, sur nos existences en générale).
Soul argumente d'un véritable déterminisme
des âmes afin de mieux nous enjoindre de se donner les
moyens afin de trouver et suivre sa voie ; sa véritable
voie. Pourtant, à mon sens, l'ambition du film se trouve
ailleurs. Si le scénario se penche bien évidemment
sur nos ambitions, nos envies, nos désirs de vie, la
trame nous ouvre les yeux sur la beauté de cette même
vie et nous invite à la serrer à bras le corps
en cessant -sans doute- de se demander ce qu'est une existence
"réussie" ; profitant de ces petits plaisirs
du quotidien plutôt que de ces rêves qui ne nous
apporteraient pas forcément entière satisfaction.
Préférant même donner plutôt que recevoir,
se penchant vers les autres plus que, égoïstement,
sur sa propre et seule destinée ; et cela constitue assurément
l'essence du film.
Drôle, léger comme une âme et profond tout
à la fois, Soul mérite amplement
plusieurs visionnages afin d'en capter toute la substantifique
moëlle. Il y a de grandes chances que je l'apprécie
encore plus une seconde fois...
NOTE : 15-16 / 20