Voici selon moi LE modèle absolu de réalisation,
celui que chaque auteur de cinéma se devrait garder dans
un recoin de sa tête. Pour nous rappeler que le 7ème
art est non seulement l'art de l'image, mais tout autant l'art
du mouvement ; son animation ne doit pas seulement être
celle, uniquement technique, de l'image, mais également
le prolongement de la vision de l'auteur, le lien direct entre
le réalisateur et le spectateur, celui qui magnifie les
émotions, les laisse transpirer, nous les imprègne
tout autant que le scénario et le jeu des acteurs. Rien
de moins que le dialogue entre un auteur et des spectateurs,
via le support "caméra", ses mouvements, ses
choix d'angulation.
Alors, évidemment, la musique est ici tout à fait
exceptionnelle, intemporelle, participe de beaucoup à
ce suspens qui va crescendo. Et cette damnée maison,
inquiétante au possible et diablement filmée en
contre plongée / contre-jour, ne manquera pas de nous
hanter. Perkins s'avère être un choix de casting
extraordinaire dans la mesure où il insuffle à
son rôle quelque chose d'unique et qui restera dans l'histoire
du cinéma. Fragile, gentil mais cachant le plus terrible
des secrets.
Pyschose est profond et singulier à
bien des égards : son scénario totalement bluffant
et original est vraiment unique dans l'histoire : son héroïne
est une voleuse, son sort ne ressemble à rien de ce que
l'on avait vu avant, et le film invente ce qui deviendra un
"twist". La célébrissime scène
de la douche, pierre angulaire de l'histoire, est un double
choc : celle du meurtre le plus marquant du 7eme art (grâce
à un montage chirurgical et parfaitement étudié)
et celle où le scénario bascule sans prévenir
: le véritable héros se dévoile !
Mais c'est tout autant une oeuvre qui parle du Mal en général,
à travers le thème de la folie, ou de la solitude
d'ailleurs, en nous plongeant comme rarement au cinéma
(surtout en 1960 !) dans la tête et les états d'âme
(trauma, solitude humaine et sexuelle...) d'un anti-héros
touchant mais abject.
Brillant.
NOTE : 17-18 / 20