Un couple en deuil se rend à Venise : le mari travaillant
dans la restauration de monuments historiques.
Le montage du début, parfaitement maîtrisé,
absolument terrifiant (inserts déstabilisants, montage
parallèle évocateur, s'attachant à des
détails incongrus, infimes & troublants), plein de
symboles, laisse une drôle d’impression ; cette
impression ne nous lâchera plus, comme dans les meilleures
œuvres d’épouvante réalistes (avec
au sommet du genre L’exorciste
et La mélédiction).
N. Roeg réalise brillamment son film, énergiquement,
recherchant le malaise par une réalisation torturée,
sombre, digne des plus grands. Cette description d’un
couple ayant perdu leur fille accidentellement, de prémonitions,
de meurtres en toile de fond et sans autre explications, ce
film a une emprise sur vous, à force de ne bientôt
n' être plus qu'une somptueuse œuvre atmosphérique.
Venise, non plus joyeuse et romantique, devient cauchemardesque,
froide, putride et nauséabonde : la ville se transforme
quasiment en une actrice à part entière dans le
film. Discrète mais rudement efficace, la musique (Pino
Donaggio !!), absolument grandiose, finit de vous soulèver
le cœur.
Comme si cela ne suffisait pas le film se double de multiples
énigmes (autour des 2 soeurs, d'un criminel invisible,
d'une silhouette en cirée rouge évoquant la fillette
disparue, de cette femme partie pour Londres...). La folie du
final ne nous délivrera qu’à moitié…
Dingue.
De manière plus analytique, et à force de visons
répétées, ce couple semble poursuivre -parfois
de manière littérale- leur enfant décédé,
leur passé, et le film semble nous faire comprendre qu'ils
en oublient de regarder leur propre futur... "Ne vous retournez
pas" ("Don't look now, en V.O.), nous dit très
ouvertement le titre.
NOTE : 15-16 / 20