Depuis le temps qu'on vous dit qu'ils prennent de la drogue
à Hollywood...
Le superbe essai que fut Hérédité
ne sera transformé qu'en regard de la réalisation
ciselée, qui aime jouer avec la lumière et l'espace.
Très soignée.
En fait Midsommar semble reprendre l'atmosphère,
et un peu de la thématique finale, du précédent
film de Aster -cette conclusion à laquelle je n'avais
absolument pas adhérée- pour en faire une oeuvre
à part entière. Midsommar c'est
la narration d'un voyage estudiantin en Suède qui se
transforme littéralement en trip dans une étrange
communauté locale aux comportements perturbants, au gré
d'une longue cérémonie bucolique et sectaire.
Après une introduction aux personnages -ou plutôt
à l'héroïne, seule- et au trauma de la dite
héroïne (trauma qui techniquement ne servira strictement
à rien...), sitôt arrivé en Europe le nouveau
film de A. Aster semble bien perché, souvent à
la lisière du ridicule et, de toutes façons, s'étiolant
au fil des minutes.
Le problème de cette oeuvre c'est que diégétiquement
elle ne tient pas debout. Nos visiteurs américains gobent
tout et beaucoup trop facilement, sans ne presque jamais tiquer,
semblant à peine réagir au pire : contrairement
au spectateur qui attend du signifiant et non pas les explications
complètement farfelues du scénariste (ce n'est
pas grave : c'est culturel !!). Après la 1ère
séquence choc n'importe qui aurait bien évidemment
pris ses jambes à son cou et il aurait fallu une pirouette
-vu l'usage de drogue dans l'histoire, elle était toute
trouvée- pour que l'on adhère un tant soit peu.
Si les moments chocs nous réveillent de notre torpeur
scénaristique, le film restera toujours très vaseux,
titubant, alignant les séquences prêtant à
sourire alors que ce n'est jamais le propos de l'histoire, voir
finissant carrément en éclats de rire pour ma
part.
L'auteur a beau essayer de créer de toutes pièces
des rituels sans âge, crédibles, tangibles en tous
les cas, il n'y parviendra qu'en de rares occasions ; c'est-à-dire
lorsqu'il use d'effets alors que son oeuvre c'est construite
loin des fastes et du tape-à-l'oeil Hollywoodien. Si
l'on reste loin de la série Z dans laquelle le film aurait
très bien pu verser, on se retrouve dans un croisement
improbable entre Le dernier
monde cannibale et Wicker man,
loin de toutes réflexions à propos de la religion,
des cultes, de la mort...etc. Vous n'imaginez pas ma déception.
NOTE : 6-7 / 20