À l'atmosphère pesante d'un enterrement répond
une réalisation inquiétante et lancinante, brillante
jusque dans sa manière de magnifier les dialogues, de
ne jamais chercher le sensationnalisme. Restant continuellement
sobre, posée, dans un espèce d'attentisme sachant
créer le malaise, et d'autant plus transmetteuse de peur.
En découle une oeuvre qui vous prend littéralement
aux tripes et ne vous lâchera plus ; ou presque. Et il
est des scènes à la redoutable simplicité
mais à la terrifiante efficacité ; comme on en
voit si peu au cinéma.
Tissant sa toile sur le thème de la folie familiale,
thème assis par des personnages atypiques qui n'auront
de cesse de nous questionner -tant par leur singularité
que leur justesse de ton (jusqu'aux dialogues impeccablement
travaillés), par de belles images ocres qui souvent prennent
une tonalité blafarde, par une musique stridente, obsédante
qui vous met les nerfs à vif et, enfin, par des images
déstabilisantes, voir inhabituellement dérangeantes
dans ce type de production.
Loin du train fantôme aux jump scare crétinoides,
ou du sujet épongé, le film aurait sans aucun
doute dû garder une ligne réaliste afin de devenir
le monument du 7ème art qu'il semblait ambitionner d'être.
Car les séances de spiritisme crucifient la crédibilité
du sujet (même si elles sont assez réussies), et,
petit à petit, le film renie toutes les bases qu'il a
su poser et ouvre des voix plus classiques, en forme de catalogue
étrange. Jusqu'en sa toute fin -pour le moins étonnante-
mais qui m'a donné l'impression que le scénariste
faisait un vilain hors sujet, brisant jusqu'à la tonalité
de l'oeuvre. Je n'ai rien contre ce petit traité de démonologie,
mais je l'aurait aimé plus sobre, comme une véritable
métaphore de la schyzophrénie ; presque une explication
scientifique.
T. Collette est exceptionnelle.
NOTE : 15-16 / 20