La première impression n'est pas forcément la
bonne : celle de la réalisation pâteuse, un rien
plan-plan et très décevante de Vaughn qui, sans
être un immense réalisateur, est capable de bien
mieux que ça ; il n'en restera pas moins très
efficace, beaucoup plus efficace dans les scènes d'action,
révélant son vrai talent.
Kingsman est un film qui monte peu à peu en puissance,
avec une certaine classe d'ailleurs, ni vraiment parodique,
ni profondément comique pas plus que totalement dramatique,
simplement toujours à cheval sur le second degré
; un James Bond cinglant, sanglant, déluré (la
princesse scandinave !!!!!), beaucoup plus indépendant
que son modèle, plus décalé, plus drôle,
plus violent, plus brillant (la scène du poison est ma
préférée à ce sujet ; celle des
"initiales" assez fine), plus franc. Différent.
C'est une oeuvre définitivement "fun", bardée
de gadgets en tous genre et d'idées plus folles les unes
que les autres (celle de l'école des 007 n'étant
pas des moindres, autant que les "jambes qui tuent). Un
spy-movie à l'ancienne, complètement assumé
dans son discours et ses actes, avec en plus un vrai recul sur
le genre qu'il sert, faisant parfois penser aux parodies transalpines
du grand James. De plus l'oeuvre est solide comme du roc, l'intrigue
franchement plaisante et débouchant, en poussant le bouchon
un peu loin, sur une métaphore de notre addiction au
tout connecté ; et un clin d'oeil désarmant aux
problèmes mondiaux.
Il en restera, au summum de son art, des scènes gravées
dans les annales du 7ème art, notamment celle de l'église,
géniale de par sa violence et son message, pour son réalisateur
qui sort enfin et complètement de ses gonds, le tout
sublimée par sa conclusion : du pur caviar. Ajoutons
que les acteurs s'en donne à coeur joie dans un cabotinage
plaisant (inévitable Sam Jackson), qu'il est bon de voir
un film d'espionnage mettre franchement les pieds dans le plat
du fantastique (James ne s'y est risqué qu'une fois)
et que le feu d'artifice final n'est pas en reste.
Une plus grande réalisation aurait mis encore plus d'épices
dans la divine sauce de ce film. Etourdissant, grandguignolesque
et complètement barré.
NOTE : 15-16 / 20