Et si Jason Voerhees n'était pas si loin que ça
de It follows ??? Mais pour en venir à
cette conclusion il faudra analyser l'oeuvre. Il suffira d'une
seule scène pour vous embarquer irrémédiablement
dans ce diable de film : un plan hautement étudié,
plan séquence et panoramique déstabilisant et
très clinique (regardez le regard caméra et le
basculement de point de vue du sujet !), une photo en demi-teinte
qui donne l'impression d'un film hors du temps, une musique
complètement envoûtante qui ne va pas sans rappeler
les partitions incroyables des Goblins pour D. Argento (sons
répétitifs et entêtants qui à eux
seuls vous font crisper les doigts), un rythme lancinant mais
jamais lent pour un film qui avance à tatons et avec
une maitrise étonnante. Tout le film se trouve déjà
dans le premier plan. Et il y a également l'intrigue
: et quelle satanée intrigue !!! De celle qui vous colle
le nez à l'écran, empruntant sans doute un peu,
et d'ailleurs beaucoup dans l'ambiance, au Ne
vous retournez pas de Roeg de même qu'aux première
oeuvres du génial D. Cronenberg (je pense à Chromosome
3) ; un film qui sent donc bon des 70's, tout en retenu.
Les plans y sont solennels et d'une beauté renversante,
ils sont également d'une précision effrayante
: fixes lorsqu'on les voudrait remuant, des champs / contre-champs
à se damner, permettant une identification au "héros"
immédiate, de langoureux mouvements qui forcent l'atmosphère
à jouer avec nos nerfs plutôt que de laisser, seules,
les scènes impressionnantes nous faire sursauter. Mais
c'est au sujet que je voulais revenir : s'il attise formidablement
notre curiosité, se trouve être complètement
original et loin des slashers ados -quoique...-, si les questions
vont tout d'abord fuser dans nos pauvres têtes (les victimes
sont-elles schyzophrènes ? Est-ce une métaphore
sur la peur de l'inconnu ou de l'autre ?) la réponse
va nous parvenir et en voici mon analyse (SPOILERS). A la manière
du tueur du vendredi 13 la métaphore s'agite comme étant
une punition (divine ? Ce sont des morts qui reviennent...)
après que des ados -et seulement des adolescents- aient
goûté au plaisir de la chair. Ici la peur post-coitum
peut aussi se voir comme une parabole de la peur du sida où
sur cette notion d'amour moderne qui a tendance à se
muer et se confondre avec le simple acte sexuel (transmis par
le sexe, ce sont des personnes que les victimes aiment qui les
tourmentent), un peu lâche et froid (on s'en débarrase
en couchant avec n'importe qui). Un film amer. Et dire qu'il
y a 35 ans on avait accusé le pauvre Jason de "Père-la-morale"...
Peu d'effet, seulement des make up très simples et tout
autant efficaces, pour une maxi-trouille : l'impression de voir
l'un de nos cauchemars prendre vie.
NOTE : 15-16 / 20