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Elysium
Neill BLOMKAMP
Budget = 100 M$
BOX OFFICE France = 2 247 / ? - 608 000 - 1 518 000 entrées
BOX OFFICE USA = 29,8 / 93,1 M$
BOX OFFICE Monde = 286,1 M$
 

Le film de l'année ? Le film de SF que l'on attendait depuis longtemps des studios hollywoodiens ? Oui.
Et tout d'abord grâce à l'empreint évident aux codes du cyberpunk : la haute technologie mêlée à la crasse, où comment la société ne profite pas de ses richesses intellectuelles pour faire évoluer l'humanité ; Max qui y figure un héros du genre, tout du moins au début, finalement anti-héros égoïste ; Elysium en lieu et place de la multinationale dirigeante ; les cyborgs. Post-cyberpunk pour les puristes.
Mais c'est surtout un film social futuriste, plus que politique d'ailleurs, c'est-à-dire une oeuvre d'anticipation hyper réaliste qui s'appuie sur notre propre réalité pour construire un monde dystopique, loin des délires plus aisément science-fictionnels de After Earth, Oblivion et même American nightmare dont je met en doute la finesse du propos. Ici on n'évoque deux thèmes : le gouffre de plus en plus marqué, le fossé qui se creuse entre les plus riches (sur Elysium) et les plus pauvres (sur Terre) ; puis la métaphore de l'ascension sociale : le vieux concept de la cité verticale, plus on est riche et plus on loge haut, a contrario plus on est pauvre et plus au se rapproche du rez-de-chaussée. Mais la différence ici, que dis-je, l'innovation, c'est que le fossé est trop important pour être comblé (le vide spatial). Ce film, ouvrier et "socialiste" au premier sens du terme proposera une solution, une utopie égalitaire beaucoup plus puissante que toutes les happy end du cinéma. Dans Elysium la symbolique riches / pauvres est forte et intelligente : j'en veux pour preuve cette ironie qui veut que les plus faibles sociologiquement ne fasse rien de mieux que construire leurs propres prisons, en tout cas la police qui les met au pli dans cette société où la liberté est un concept et où l'individu est soumis à une véritable répression, ce qui du point de vue du scénariste ne fait en rien progresser la société, n'élimine en rien le crime. Quant aux riches on nous les montre non seulement comme des gens aimant le pouvoir, protégeant envers et contre tous leur petite tranquillité, mais surtout comme des hypocrites qui détiennent la clef du bonheur universel et refusent, par jalousie, de la donner aux autres ; des êtres aux mains propres, sans une goutte de sang qui entache leurs âmes, qui vont jusqu'à faire exécuter leurs basses besognes criminelles depuis la Terre, et non depuis Elysium, afin de ne pas "polluer" leur paradis.
Et derrière tout cela il y a un autre film qui montre qu'Hollywood a compris que la qualité d'une oeuvre se trouve dans le concept de double lecture : car un film, aussi intelligent soit-il, s'il n'est vu par personne puisque trop opaque, ne sert à rien et ne sert surtout pas l'intéret de son auteur. Ici la "patte" Blompkamp est palpable dans le moindre recoin de l'image, de la photo brute de décoffrage jusqu'en cette réalisation solide et habile. Le scénario est soufflant : évolutif, logique, d'une fluidité totale, il est un enchaînement parfait, un engrenage qui entraîne le spectateur sans mal aucun. Les effets spéciaux sont là pour servir le propos : complètement intégrés et d'une parfaite réussite. La musique a l'intelligence d'être aussi discrète qu'efficace, signe de grandeur à mon sens, et elle sait se montrer au gré d'envolée lyrique aux moments les plus propices. M. Damon est complètement taillé pour le rôle et passe de Promised land à Elysium avec une facilité et une aisance époustouflantes : son personnage est par ailleurs un véritable fantasme sur pied qui puise son inspiration organico-robotique dans les mangas et rappelle un certain Tetsuo. Une oeuvre à l'atmosphère proche des plus réussis des Mad Max, évitant sans mal aucun le statut de vulgaire série B : ici la richesse des détails dans les décors n'a pas son pareil et la mythologie visuelle développée est très attirante ; l'oeuvre ne sera jamais consensuelle, n'hésitant pas à déployer l'artillerie lourde, mais jamais racoleuse, concernant la violence, le gore et la crasse.
Un film parfait ? Certe non : on lui reprochera quelques facilités et des séquences qui auraient mérité d'être bien plus développées (une édition DVD / BR adéquate ?) car elles auraient gagné à être moins speed ; et le film ne dure finalement pas assez longtemps. Je crois que certains lui ont reproché son final ! Pourtant celui-ci est d'une logique implacable : entre la tradition qui a fait les grands jours du cinéma de science-fiction et le thème même du film, il n'y a absolument rien à redire ; Elysium parle d'un rêve, d'abord de grandeur égoïste, puis d'égalité, mais il se veut surtout un espoir pour notre monde miséreux. Intelligemment naïf. Dans cette oeuvre exceptionnelle le plus important c'est la toile de fond et il ne faut surtout pas s'attacher à regarder seulement ce que les scénaristes ont mis en place afin que le spectateur ne s'ennuie pas : l'action. Un équilibre à mon sens proche d'une certaine idée de la perfection.

NOTE : 17-18 / 20

La critique des internautes
 

 

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