Les colonisateurs ont fait leur retour sur Arakis, afin de détourner les richesses et dominer les tribus indigènes par leur puissance militaire et technologique. Les locaux n'ayant pour eux que la connaissance du terrain et leur foi messianique.
Dune 2 poursuit son travail subtil consistant à décortiquer les arcanes d'un pouvoir forcément fragile, à travers les diverses forces en puissance qui se tiraillent chacune à leur niveau ; et luttent au sein de chacune d'entre elles : l'empereur tout puissant qui domine les Arkonens, Les Arkonens qui veulent exterminer les Fremens, les Bene Gesserit qui ont leurs entrées dans chacune des Maisons et les Fremens sont partagés en deux clans idéologiques (voir géographiques). Et au beau milieu une poignée de résistants et de survivants issus des Atréides. Un panier de crabes où s'entremêlent politique et religion : le cœur du scénario et son exigence absolue.
Nous allons cette fois faire plus ample connaissance avec les Fremens, un peuple divisé dont une partie vit dans l'espoir de la venue d'un messie qui saura leur montrer la voie et les libérer du joug incessant des envahisseurs ainsi que des machination d'un lointain empereur qui ne cherche qu'une chose : se maintenir, même au prix de milliers de vies humaines. S'ensuit une métaphysique lutte entre croyants et incroyants vers un but unique : reconquérir Arakis et lui redonner sa beauté d'antan.
Paul Atréide s'étant peu à peu mué en un guerrier mythologique et Saint, Dune 2 évoque à la fois l'essence de la religion et celle de la guerre (dont le but serait de briser le joug des oppresseurs). User des deux afin de seulement quérir et conquérir sa liberté perdue : cependant le film met en garde quant au simple changement de maître....
Timothée Chalamet perd son masque d'innocence, trouvant le bon ton à chaque séquence et faisant évoluer son personnage vers une ambiguïté dont on ne le soupçonnait pas dans le premier opus. Il est même impressionnant et s'impose radicalement.
D. Villeneuve jouit d'une totale liberté et ne fera aucune concession aux blockbusters à la sauce hollywoodienne, livrant une gigantesque fresque au ton surprenant, grandiose, percutant et même déstabilisant parfois. Elle atteint son paroxysme lors de la mise en scène iconique du chevauchement du ver, qui rend enfin justice à cette scène essentielle du livre : Paul Atréides devenant un Fremen à part entière. Du cinéma aux images minutieuses et presque irréelles, sensationnel et profond, à voir impératrivement sur grand écran. Dune 2 c'est 2h35 d'une histoire de guerre après l'éradication machiavélique de la maison Atreides, une guerre de pouvoir et de domination, une future guerre de religion où les fondamentalistes cherchent le même accès au pouvoir suprême : face à l'extrémisme politique se dresse l'extrémisme religieux, nous dit l'auteur...
Ce qui est aussi marquant que remarquable dans Dune 2, c'est de retrouver absolument intact l'esprit du livre, sa puissance et sa vive intelligence, même à travers l'absence de certaines détails.
Si d'aucun pourrait lui reprocher un montage parfois abrupte -une ou deux séquences seulement- on ne pourra qu'encenser cette musique qui creuse un nouveau sillon et offre des envolées lyriques encore plus amples, encore plus prégnantes et... ensoleillées.
Dune 2 est aussi majestueux, étincellant et tout-puissant que son modèle et prédécesseur.