Construit comme ce qui pourrait s'apparenter à un film
ctastrophe (présentation des personnages, caractères
des différents protagonistes, déroulement de l'intrigue...etc)
ce film part bien trop vite en besogne pour s'arrêter
à ce genre de considérations ; la tension monte
illico et le scénario va vite, très, très
vite, et il ne stoppera jamais sa course effrénée,
entrainant chez le spectateur un stress continu comme on n'en
a plus vu depuis belle lurette. Il y a plusieurs éléments
qui pemettent de dire que ce film de zombies dépoussière
le genre à sa manière ; sur le fond on retombe
bel et bien sur les pattes d'un genre ultra-codifié et
difficile à révolutionner, mais par petites touches
ce dernier trace sa route. Tout d'abord il y a ces zombies,
peut-être déjà vu dans Word
war Z : des créatures plus speed, qui chassent en
meute impressionnantes, plus dégénérés,
à la gestuelle originale et dont la préhension
du monde se fait via la vue et l'ouïe. Bien sûr on
retrouve des personnages assez typiques de ce genre de production
: le fou / clochard souvent présent dans les films asiatiques,
l'un des héros qui se sacrifie, le couard / lâche
rebut de l'humanité. Mais force est de constater que
le vrai héros du film n'est autre que ce père
indigne, divorcé, mauvais père et mauvais homme
de par son job et sa triste moralité, homme qui va se
découvrir, se révéler et changer du tout
au tout au fil de l'aventure. Et puis c'est un film de zombie
avec un fond moral qui va trouver son point d'orgue lors d'une
scène exceptionnelle : celle où des survivants
se trouvent coincés entre 2 rames de train, l'une peuplée
de zombies cherchant à s'infiltrer pour les mordre, et
une autre où se sont réfugiés des humains
cherchant à se capitonner lâchement et se protéger
d'un danger supposé. Ou quand la distinction entre l'être
humain et le monstre est difficile à cerner. Et toute
la puissance du film, l'intelligence est là, et me permet
de dire qu'il s'érige d'ors et déjà en
classique intemporel : car il s'agit d'une satire de l'égocentrisme
moderne, celui de nos sociétés apeurées
et incapable de bouger, de se serrer les coudes lorsque ça
va mal. Satire car, si ici l'on évoque le "sens
du sacrifice" face à une situation fantastique,
poussée à l'extrême, c'est pour mieux pointé
du doigt l'individualisme du citoyen et son refus de l'entraide,
ce même refus qui sera à l'origine de la chute
de la société. L'intense émotion du film
ne fait que souligner le manque d'humanité que nos peurs
irraisonnées soulèvent.
Le réalisateur aurait pu paraître un peu à
l'étroit dans ses wagons, mais il fait preuve de beaucoup
de recherche, voir de virtuosité, certaines scènes
relèvant de jolies coups de génies. On notera
quelques fausses notes de ci de là (la longueur improbable
de certains tunnels ?), mais de nombreuses scènes au-dessus
du lot laissent ses maigres scories de côté : une
explication sur l'origine du mal qui vaut son pesant d'or (le
mal vient de la finance), la scène après le déraillement
du train, celles où les zombies s'aggripent au dernier
wagon... et un final qui nous rappelle que ce genre est un genre
dramatique et que trop souvent il a manqué -je l'ai évoqué
ci-dessus- d'un ingrédient crucial : l'émotion.
Pari gagné ! La musique est également à
l'avenant. Une perle
NOTE : 15-16 / 20