En demi-teinte. Mais la première chose à dire
de ce film de maison hantée est qu'il n'y a rien à
redire sur l'extrême efficacité de la réalisation
de Wan : j'en veux pour preuve l'analyse plan par plan (attention
: spoiler) de la scène où le flic voit une apparition
dans le local à l'entrée de la maison ; après
avoir fait tourner le spectateur en bourrique sur la terrasse,
la scène "qui fait peur" se trouve en fait
à l'intérieur ; il l'a voit, puis l'apparition
s'enfuit, le spectateur croit que tout est fini et pourtant...
le génie du réalisateur consiste à détourner
constamment, subtilement et intelligemment l'attention du spectateur,
le perdre grâce au tempo du film (la scène est
terminée, le dialogue reprend...), en promenant le regard
du spectateur (là, il regarde à droite...), en
étant rapide pour ne pas le laisser réfléchir
(montage minuté) et à le perdre en jouant sur
sa logique spatiale (le fantôme va venir par ici ; le
héros est de dos...etc). Sursauts assurés. Jusqu'aux
lumières extraordinaires du film (merci au directeur
de la photo de ne pas avoir persister dans la réalisation...)
qui rendent les pièces et les couloirs étouffants
en les rétrécissant par le haut, comme des triangles
menaçants.
Alors il est d'autant plus dommage que le scénario s'appuie
à n'en plus pouvoir sur les grimaces de ce genre de film
plutôt que de le dépoussiérer très
franchement, d'effectuer un vrai travail de fond ; il en avait
pourtant l'intention. Les héros sont plutôt les
exorcistes, en tous les cas les rôles sont remarquablement
partagés, et, justement, la scène d'exorcisme
a le mérite d'être assez originale en regard de
tout ce qui a déjà été pratiqué
auparavent. Mais sincèrement la structure est carrément
caricaturale : le déménagement, la vieille maison,
l'arbre, la pièce dérobée, l'heure qui
s'arrête, les portes, les lumières, les bruits,
les tableaux qui tombent, la somnambule, la possession, jusqu'à
la malédiction qui n'a vraiment rien de bouleversant.
Ce film aurait pu s'élever au rang de chef-d'oeuvre du
genre, il en avait toutes les caractéristiques techniques
: mais il n'est jamais révolutionnaire, et c'est là
son talon d'Achile.
NOTE : 12 / 20