Une famille pauvre et un enfant
au coeur d'or.
Vous serez tout d'abord frappé par la majestuosité
de la musique... puis de l'adaptation, parfaitement digne du fabuleux
livre de Dahl. Des décors démesurés et excitants
(la maison de Charlie est un clin d'oeil évident au Dr
Caligari), quelques oublis (on passe un peu vite sur l'histoire
des espions) et quelques ajouts salvateurs par rapport à
la vieille version (
Willy Wonka
- ici Willy est plus humanisé de par son passé et
ses frustrations).
Charlie et la chocolaterie
est avant toutes choses une charge contre la goinffrerie, l'insatisfaction,
la présomption, la condescendance, l'impolitesse, la colère
et tous les vices de ces enfants gâtés de l'ère
moderne. Une visite qui se transforme en un voyage initiatique
où se dévoileront les personnalités, les
odieux défauts et les mérites de chacun, dans une
magnifique oeuvre sur les bienfaits de la famille et la richesse
de l'éducation
Burton se lâche complètement et insuffle sa propre
excentricité à cette aventure surdimensionnée,
sorte de
Magicien d'Oz sous acide (citrique),
à la débauche de décors ravageurs et colorés,
à cet univers décalé très proche du
sien, éblouissant, loufoque, rendant sublime le plus hideux
des détails, des recoins, et d'une expressivité
sans commune mesure ; et qui plus est totalement démesuré,
faisant vivre sous nos yeux un fantasme, une rêverie, un
univers "Dahlien" griffé "Burton" (les
poupées cramées, un passage par Halloween). Même
si on connaît l'histoire sur le bout des doigts, celle-ci
est à la fois plus moderne et totalement hors du temps,
c'est une débauche de sucrerie et un monde savoureux pour
les gourmands, follement criarde et dont les chansons contribuent
à la folie contrôlée de l'ensemble.
Depp compose et s'approprie le personnage, en fait sa chose, entre
Lewis Carroll et... un improbable magicien du goût. Et Burton
fait de même avec le matériau d'origine : on a même
droit à une attaque en règle contre les abjections
télévisisuelles et une parodie succulente de
2001
!