Parce que ce métrage
est un petit chef-d'oeuvre.
La réalisation vous plonge au coeur du film : parfaitement
virtuose, sensitive, enlevée, aérienne, subtile,
tenant à la fois de l'hommage hitchcockien et d'une lecture
formelle absolument renversante de chacune des scènes présentées.
Un tourbillon jouissant d'une grammaire cinématographique
à l'étendue vertigineuse et qui n'a de cesse de
vous emporter, de vous plonger au coeur du film, d'autant plus
qu'elle est inlassablement soulignée par un montage à
la précision chirurgicale.
Carrie c'est tout simplement l'étude
de l'âme humaine: lecture en parallèle et tout à
la fois de la haine envers ceux qui abhorrent leur semblables,
ceux qui ne font pas parti de leur système de pensée
et de valeurs ; autant que celle de ses intégristes vivant
à tort dans un passé idéalisé et dont
la compréhension des écritures est à la fois
littérale et biaisée.
Étude de la noirceur humaine, et plus particulièrement
de cette âge ingrat qu'est l'adolescence, limant les frontières
du bien et du mal jusqu'en un final apocalyptique et interprétable
à loisir. Carrie est tout autant une œuvre
féministe où le sexe supposé faible dirige
son monde : de la mère surprotectrice et étouffante
jusqu'aux étudiantes qui manipulent leurs copains, en passant,
bien évidemment, par Carrie et son pouvoir tout puissant
(même la jeune fille qui est gifflée par son ami
finira par lui rendre la pareille). C'est par un scénario
intelligent et réflexif, parfaitement agencé et
construit avec une forme de suspens unique, que le film va se
révéler. Carrie, souffre douleur douée d'un
don unique de télékinésie, protégée
par sa mère contre la perfidie humaine, va découvrir
par elle-même toute la folie, la perversité des autres.
D'une violence, d'un intense sadisme auquel répondra Carrie
sans retenue aucune. Avec une scène toujours aussi iconique
qui vous arrache le cœur... Carrie est le symbole de ces
filles trop gentilles, mal dans leur peau, montrées du
doigt par une société qui n'aime pas les gens qui
sortent des standards.
Sa composition musicale est sans nulle doute l'une des 10 meilleures
de l'histoire, herrmannienne, sans doute, mais on aurait tort
de minimiser l'originalité et l'intemporalité du
travail de l'immense Pino Donaggio : la séquence du "bucket
of blood" est d'une rare intensité...
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