Le générique est en lui-même un coup de
génie : reprenant le plan emblématique du 1er
film, mais en miroir. Et l'auteur de clairsemer son oeuvre de
liens avec l'original, en signe de déférence.
D'ailleurs ce Candyman est finalement autant
une suite qu'un remake du sublime film de B. Rose, se mêlant
habilement à lui pour à la fois recréer
et prolonger cette mythologie urbaine et moderne.
Candyman est un personnage réellement charismatique,
pas réellement le croque-mitaine usuel des sagas holywoodiennes,
mais la victime vengeresque d'une haine, celle du racisme ordinaire.
De même sa manière de tuer ceux qui l'interpelle,
uniquement à travers les reflets, est hautement symbolique,
n'étant lui même qu'un reflet sociétal.
Candyman c'est la personnification de la souffrance du peuple
noir aux USA, la conscience d'un peuple qui ne peut et ne doit
pas oublier son passé. D'ailleurs le passage de ce mythe
à une réalité tangible pourrait être
vu comme le symbole d'une nouvelle lutte libératrice.
Le film réécrit sa conclusion à cette fin.
Nous assistons ici à la naissance d'une légende
urbaine, son emprise sur l'inconscient collectif et tout à
la fois à une réflexion sur l'art dont les moments
d'animation en ombre représenteraient le côté
obscur de l'artiste (d'ailleurs l'artiste retrouve son inspiration
alors qu'il est au plus bas, physiquement et psychologiquement).
Autre lien avec l'original et autre réappropriation,
la réalisation de DaCosta est renversante : tantôt
écrasant ses personnages entre les éléments
du décor, les coinçant au centre de l'écran,
tantôt jouant à merveille avec les reflets ; tous
les reflets. Utilisant en parallèle et subtilement l'art
du montage et maniant la bande son -exceptionnellement immersive-
afin de créer un plus ample malaise. Je ne peux terminer
sans évoquer l'extraordinaire musique de R. Lowe, balançant
entre la petite mélopée douceâtre d'un conte
et l'effroi d'une partition extrêment puissante. Exquis
et effryant à la fois.
Quelques menues scories persistent : le film ne prend peut-être
pas assez son temps, surtout à la fin, quelques meurtres
demeurent trop gratuits par rapport à l'esprit du scénario.
Mais Candyman reste ce que l'on fait de meilleur
et de plus intelligent dans le domaine de l'horreur.
NOTE : 15-16 / 20