Abandonnée par sa mère, lâchée par
son père, Maren part sur les routes. Et on peut dire
qu'elle a un appétit féroce. Un appétit
de route et de chair humaine.
Dans la mouvance du cinéma horrifique d'auteur, ultra
réaliste et dont le fantastique n'est qu'une caractéristiques
comme une autre, en tout les cas traitée comme telle,
Bones and all s'impose par son traitement
à la hauteur de nos attentes et grâce à
ses deux protagonistes. Ces deux-là sont cannibales :
ils auraient pu être végétariens ou musulmans
ou encore crudivores. Si le cannibalisme reste le thème
central du film, traité de front comme rarement le cinéma
l'a fait (remember Vorace
ou Grave), les
thèmes comme la recherche d'une mère et de l'amour
ne sont pas laissés de côté et servent parfaitement
le traitement scénaristique principal.
Ici le but du roman -et a fortiori de Guadagnino- n'étant
pas de dégouter ou d'effrayer le spectateur -même
s'ils y parviennent in fine et naturellement- mais de disserter
sur deux marginaux qui se nourrissent littéralement des
autres, qui se nourrissent des restes de la société
de consommation. Le cannibale n'est ici que ce miséreux,
malchanceux rejetté par sa propre famille et qui n'a
plus rien ni personne à qui s'accrocher. En recherchant
leurs origines, afin de mieux comprendre qui ils sont et pourquoi
ils sont ainsi, ils se nourrissent de leur passé... Un
passé qu'ils revivent inlassablement et qui ne les lâche
jamais.
Road trip charnel et carné, musical et fait de rencontres,
mis en scène de façon inspirée et toujours
judicieuse, Bones and all n'est pas le chef-d'œuvre
du genre (yen a-t-il un ??) mais une œuvre solide et toujours
passionnante. Loin du film de genre italien, on serait plus
proche d'un Tueurs
nés innocent, contraint physiquement moralement
(presque) irréprochable, ménageant des séquences
fortes, et pas forcément les plus gore, et explorant
la symbiose indéniable entre les deux acteurs principaux.
NOTE : 15-16 / 20