La revanche du colonel.
James Cameron repart sur les terres sauvages des tribus locales
de Pandora, celles malmenées par des colons humains emplis
de préjugés, outrecuidants et prêt à
imposer leur vision du monde, leur société, leur
technologie autant que leur présence au dépend
d'une nature abondante et d'une peuplade heureuse sans la présence
de ces envahisseurs. Avatar : La voie de l'eau
est bel et bien un western d'outre-espace. D'ailleurs on y parle
sans mal de "rapporter le scalp" de J. Sully.
Avatar 2 explore plus en avant la planète
de Pandora mais reprend, sans vraiment les bouleverser, les
thèmes qui avaient été explorés
bien en avant dans le film originel. Une espèce de bis
repetita gonflé visuellement par un budget Ô combien
conséquent. S'ensuit un scénario tristement et
terriblement convenu, souvent bienheureux dans ses enchaînements,
ses heureuses coïncidences et autres facilités.
Une oeuvre passablement linéaire et simplifiée
jusqu'à la caricature, garnie de ses scènes que
l'on a vu cent fois sur grand écran.
Avatar 2 est ainsi rempli de ponctifs et d'idées
cousues de fil blanc qui m'ont laissé dans un état
d'étonnement avancé : le colonel qui domine sa
monture après avoir fait le grand plongeon, des enfants
résolument guère obéissants (pas moins
de 3 fois..), une love story évitée de peu, les
tensions entre les 2 peuples Na'vis concentées sur leur
progéniture -qui feront leur preuve par-delà leurs
espérances-, la scène du fuck, celle plus shakespearienne
du crâne, et tant d'autres que l'on écrit avant
d'avoir vues ; de même cette guerre importée et
connue avant d'avoir été envisagée par
les personnages... Que penser d'un film où l'on peut
anticiper quasiment chaque scène ? Le tissage scénaristique
s'effectue cependant grâce aux liens qui unissent chacun
de ses personnages et créatures : alors pourquoi le plus
fascinant, le plus intéressant de ses liens demeure celui
qui reste le moins exploré ? L'enfant "blanc"
qui aurait pu générer une double ambiguité
dans la mesure où sa troublante paternité aurait
dû faire, non seulement le pont entre deux civilisations,
mais le lien étroit entre deux ennemis, et ainsi approfondir
une oeuvre beaucoup trop sommaire pour me contenter.
Cependant Avatar 2 n'est jamais imbuvable,
seulement et quelque peu ennuyeux : il prospecte sans complexe
sur son côté "western" déjà
évoqué ci-dessus ; on assiste ainsi à la
traditionnelle attaque de diligence, les cowboys se griment
afin de mieux tromper les peuples indigènes et nous serons
les témoins privilégiés d'une alliance
entre ces peuples Indiens contre l'ennemi commun et oppresseur.
De même les connections avec la nature environnante et
la faune relèvent d'un mysticisme délicat et très
justement abordé ici. Le réalisateur se permet
d'imposer sa griffe grâce à de nombreuses "auto-références"
: Aliens, Abyss
ainsi que Titanic
sont régulièrement cités derrière
une oeuvre qui met en avant un irrésistible sens inné
des images, du découpage et de l'action grandiose et
imposante.
De plus on ne peut se permettre de nier le plaisir des yeux.
Cameron crée un spectacle constant et à la beauté
ingénieuse et noble, sublime hommage à la nature
frugale où tout est interconnecté et ne supporte
aucun changement virulent et antinomique. Avatar 2
représente en réalité deux oeuvres : l'une
d'entre elle surfe sur une intrigue à la pauvreté
inconcevable et incompréhensible chez cet immense auteur,
l'autre nous fait passer un message écolo magnifié
par les images. De longues et immenses séquences impressionnantes
qui nous laissent sans doute trop réfléchir à
la maigreur littéraire du film.