Et dire que tout commence par un dessin retrouvé par des chasseurs de trésors dans la carcasse du défunt Titanic, 85 ans après avoir coulé... Et par l'inusable et épique musique de James Horner qui ne peut manquer de faire vibrer notre corde sensible.
James Cameron aurait pu raconter l'histoire historiquement, mais il choisit de nous replonger dans le passé mythique de ce paquebot, via les souvenirs encore vibrants d'une vieille dame, survivante du célèbre naufrage, et faire de son film une métaphore inaltérable sur nos choix et sur notre liberté ; la liberté d'être celui que l'on veut, la liberté d'aller où bon nous semble : celle que l'on ne trouve qu'au fond de son coeur et qui ne s'achète pas à prix d'or, celle qui se rit des conventions guindées et absurde. Le bâteau devenant alors le symbole ultime et absolu d'une société qui privilégiait encore et toujours les rapports classes, et sur cette éternelle et interminable lutte de ces mêmes classes : Jack se révélant le symbole du bonheur authentique, du plaisir à vivre dans la simplicité. Cependant la réalité nous rappelle ici bas que les plus riches seront tout de même sauvés avant les autres et s'en sortiront toujours mieux que les autres... Par ailleurs beaucoup de spectateurs n'en retiendront que l'histoire d'amour impossible, pure et naturelle, et qui, à mon humbre avis, justifie pleinement la fin parfois "controversée" ; le drame donnant toute sa force à cette relation, celle du sacrifice des classes aidantes, dans la droite lignée du message voulu par Cameron. Le film ne pouvait, ne devait pas se terminer autrement.
Titanic est une œuvre hors normes : autant grâce à ses effets spéciaux (qui ont toutefois pris quelques rides ici et là), sa reconstitution titanesque, que par son phénoménal passage dans les salles du monde entier. Et chacun pourrait y aller de son propre récit quant à son visionnage : personnellement il m'a fallu plusieurs allers-retours vers mes cinémas préférés et des heures d'attente frissonnante pour enfin atteindre... le pont de ce monstrueux film !! Et quelque part ne jamais véritablement en revenir...
Titanic ne fait pas partie de ces films que l'on voit ou que l'on regarde, mais de ceux que l'on vit, intensément, à la fois fantasmatique comme cette love story grandiose et déchirante comme on en a tous rêvé, et tout autant documentaire, immersif. Il est étoffé de ces scènes mythiques que l'on ne se lassera jamais de voir et revoir bien que connaissant le film pour ainsi dire par coeur : "Le roi du monde", le baiser sur la proue, le dessin impudique, l'orchestre qui joue jusqu'au bout du bout, la mort du capitaine et de quelques autres passagers, l'extinction soudaine des lumière du paquebot...etc, etc). Et sa séquence de naufrage qui ne dure pas moins de 1 heure et 20 minutes (depuis l'impact, jusqu'au moment où Rose est saine et sauve),reste toujours aussi saisissante et va crescendo, gorgée d'une violence terrifiante et à vous glacer littéralement le sang... Sans l'ombre d'un doute, Titanic est le film catastrophe ultime.
Sa force, son universalité, c'est également grâce à son côté humain sans tabous, depuis ses meilleurs ascendants (l'amour, la bienveillance, l'entre-aide) jusqu'à ses pires affres (le poids désespérant des différences sociales, l'égoïsme des plus riches ; et puis cette scène où Cal préfère la vengeance plutôt qu'accéder au canot de sauvetage et ainsi sauver sa peau immédiatement).
Titanic est tout bonnement un monument du 7ème art qu'il faut, au moins une fois dans sa vie, avoir vu sur grand écran : il demeure le film social le plus cher de l'histoire du cinéma et la dernière scène avec Rose, presque centenaire, est puissante de symbolisme. Chef-d'oeuvre.