Un monde dystopique... ou pas ! Car le monde décrit
dans le film est tellement proche du nôtre que s'en devient
inquiétant. Sur le fond il est pointé du doigt
une société qui échappe à ses dirigeants
et est passée de l'oligarchie à une véritable
technocratie, où les lois servent les entreprises, où
l'humanité n'est plus qu'un vulgaire produit parmi tant
d'autres (les combats-spectacle, l'utilisation légale
de drogues expérimentales, la vente de son corps...ect),
où l'extrême pauvreté devient une espèce
de norme sociale ; où les dérives de la télévision
se font de plus en plus trash. Arès
est une oeuvre très stylisée, ou se marie à
merveille les tonalités grises-bleues et orangées,
ou la réalisation est pointilleuse même si elle
manque un peu d'expressivité, et où l'hommage
à un certain Blade
runner est flamboyant (filmé au raz du sol,
on ne verra du ciel qu'une masse sombre et nocturne). De prime
abord le scénario peu paraître confus, semblant
chercher son intrigue : les conséquences mortelles et
cachées au public d'expérimentation de nouvelles
drogues ? L'emprisonnement abusif et étrange de la soeur
du héros ? Une révolution en marche ? Les qualifications
pour le championnat d'Europe d'Arena ??? Un mélange très
"série B" qui parait piocher à droite
et à gauche (Rollerball
pour n'en citer qu'un) mais qui, petit à petit, va prendre
tout son sens et tracer sa propre route. Car la force du film
est assurément ce diable de scénario, malin au
possible, ou se fond un personnage devenant peu à peu
fascinant : du citoyen qui ne s'occupe pas de la vie publique,
il va se métamorphoser un citoyen prêt à
tous les sacrifices pour ceux qui sont épris de liberté.
On regrettera que l'oeuvre n'aie pas obtenu un budget à
la hauteur de ses ambitions (on imagine alors des combattants-golgoth
génétiquement modifiés qui auraient pu
être beaucoup plus impresionnant) et un premier combat
bien trop fade par rapport aux enjeux. On regrette que le film
n'ai pas été vendu intelligemment et jeté
en pâture dans une poignée de salles de cinéma...
NOTE : 13-14 / 20