Pourquoi les adultes oublient-ils
le monde de l'enfance ? Et leurs rêves improbables ? Et
leur naïveté ? Alice a bien grandi et oublié
quelle petite fille elle a été ; elle se retrouve
alors confronté au monde des adultes lorsqu'un prétendant
s'en vient lui demander sa main... un monde laid et fade, rigide
et aveugle, terre-à-terre, un monde des apparences et des
courbettes, un monde de mensonge, sans amour ni imagination. Pourtant
Alice a gardé un lien secret avec les merveilles de l'enfance,
un étrange songe... Sans doute et plus judicieusement moins
fou que la précédente version de Disney, cette adaptation
est principalement griffée "Burton" (un peu freiné
dans ses ardeurs par la petite souris ?) : ce pays est explosif,
les couleurs chiadées, plus sombres, plus violentes, les
paysages sont inquiétants et la peur y est présente,
la folie et l'imaginaire aussi, le pays est à demi-détruit
et sous le joug d'une reine qui personnifie l'âge adulte
et tout ce qui a été évoqué au-dessus.
Tim embrasse la folie de ses personnages mais sait leur garder
quelque chose d'humain, ce lien qui permet sans doute au spectateur
de ne pas rester... spectateur, et d'embarquer complètement
dans l'histoire ! Et le résultat est assez grandiose :
Alice se bat contre l'invasion d'une ère d'obéissance
et de fausseté dans un pays où tout est possible,
sans jugement, libre... et un peu fou ! Burton est très
à l'aise et promène sa caméra comme se promène
les spectateurs, émerveillé par chaque découverte,
chaque idée, personnage, décor, paysage ; un éblouissement
constant sur un rythme trépidant. Le spectateur sera même
surpris d'y découvrir un ton... presque osé (l'oeil
arraché, la nudité évoquée). On lui
reprochera sans doute d'être moins surréaliste que
le livre (mais les spectateurs auraient fui...), de ne pas aller
assez loin ; et je lui reprocherais personnellement l'animation
hasardeuse et surprenante du valet... d'ailleurs je trouve que
la 3D est assez superflue.
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