Une vision futuriste absolument
géniale et évocatrice pour un film passionant, virulent,
intelligent, surprenant et superbe. A revoir, à méditer
comme on l’a fait de "Soleil
vert" ou de La planète
des singes ; l'époque des films d'anticipation qui
posaient d'angoissantes questions...
L'âge de cristal nous présente,
en la caricaturant, notre propre société de loisir
et de surconsommation, celle là même où
l'on obtient tout d'un claquement de doigt, où le bonheur
est plus apparent que profond ; à ceci près que
la surpopulation a été enrayée par le biais
de méthodes douteuses. Le dôme est un fantasme
de la société, non pas idéale, mais idéalisée,
"parfaite", où se pratique une forme étudiée
d'euthanasie officiel et unique en son genre ; et peut-être
même un certain eugénisme, dans la mesure où
les enfants ne sont pas portés, où le peuple parait
étrangement angélique. C'est également
une société fermée entièrement gérée
par un super-ordinateur / des ordinateurs. Le film reprend ici
la notion de Big Brother quand la voix semble surgir de nulle
part, parait voir absolument tout ; une espèce de conscience
collective dont le cristal serait la marque, de même que
les costumes symbolisant l'âge des citoyens. De nombreuses
questions restent en suspend et nous permettent de prolonger
la réflexion inhérente à l'oeuvre (Qui
procure le cristal ? Comment fonctionne-t-il ? Qui a bâti
ce dôme ? Qui est le prescripteur de ces lois ?...etc).
Je vois la cérémonie de fin de vie comme une nouvelle
forme religion, avec sa doctrine (personne n'est autorisé
à vivre au-delà de 30 ans), ses rituels réglés
dans les moindres détails et son dogme de la renaissance
(avec en prime, littéralement, une montée au ciel)
; avec l'acceptance d'une mort programmée pour le bien-être
sociétal.
Pour son côté visionnaire on retiendra aujourd'hui
la Femme qui apparait à la demande, via un réseau,
et que l'on rapprochera de certains aspects de notre internet
; ou encore la chirurgie esthétique devenue courante.
Visuellement le film est à la fois kitsch, soigné
et recherché, certains FX tiennent encore très
bien la route, notamment les vues générales sous
le dôme ; les nombreuses maquettes et les matte painting
sont un véritable régal pour les yeux, les décors
y sont très étudiés, même si très
marqués 70’s.
Réflexif, très osé (des scènes de
nudité difficile à imaginer aujourd'hui, une vraie
ouverture d'esprit), c'est une oeuvre ambitieuse qui parle de
liberté et de choix. Une longue aventure, comme un voyage
initiatique, qui finit par un regard en direction d'un certain
passé et des leçons que celui-ci procure. Une
mise en garde contre l'obéissance aveugle en une loi,
la vérité étant amenée à
faire exploser le système.
N'oublions surtout pas la prodigieuse et complexe musique de
J. Goldsmith, qui embrasse absolument sur tous les registres.
NOTE : 17-18 / 20
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