Dans la même lignée fantastique que « Rollerball
»… avec le mêmes ambitions sociales omniprésentes
: l’homme (re) devient une bête, ainsi traité
dans les manifestations, servant de la pire des manières
tel l'esclave d'une société à la dérive...
Ici l’amour n’existe pas, les femmes ne sont que
de vulgaires « meubles ». Le fossé entre
les plus riches et les plus pauvres est immense et on ne voit
plus dans le film de middle class. La société
replonge peu à peu dans une espèce de Moyen-Age
new age (on va chercher l’eau à la fontaine), elle
se fait très primitive (le cannibalisme) et surtout policière.
Bref, autant dire que l’anticipation est ici hyper-réaliste
: n’oublions pas le rabâchage du vieux monsieur
qui prendra une dimension sentimentale inégalable.
Dès le pré-générique on crie au
génie : l’histoire en photo -montage défile
chronologiquement tandis que le temps s’accélère.
Le « moment » futur est fait d’images anachroniques
tout à fait symboliques et sensées qui nous pousse
à nous poser la question suvante : serons-nous prochainement
loin de ce qui va être décrit ? Le scénario
possède évidemment une idée de base surpuissante,
une double-intrigue, son chevauchement qui nous mène
par le bout du nez (policier / prétexte Vs réel
/ choc) est une pure merveille d’écriture et la
sublime émotion qui se dégage de la mort du vieillard
sur fond d’images quasi-divines prend une toute autre
signification ; surtout en sachant le sort qui lui sera réservé...
De même l’histoire d’amour dans ce froid contexte
prend toute sa chaleureuse beauté. La dimension politique
devient bien vite crédible et effrayante. L’œuvre
prend encore de la hauteur à la vue de New York et de
sa pauvreté très réaliste, vis à
vis des problèmes qu’entraine l’industrialisation
de notre nourriture et sa normalisation. La réalisation
est subtile, elle se fond aux situations (cf. la scène
où un groupe goûte de nouveau plaisirs alimentaires
en plans séparés, montage alterné et angularités
diverses pour en caractériser le plaisir), la photo est
sublime (l'aura verdâtre qui suit les protagonistes semble
anticiper leur sort). Le jeu des acteurs est suffisemment juste
pour trouver une grandiose répercution en nous et justifier
la vision de ce petit chef-d'’euvre.
Nouvelle vision en 2019 : Il est intéressant de
noter que ce film n'est autre que la vision du monde de 2022,
tel qu'on l'imaginait en 1973. Le monde d'aujourd'hui... Certains
points sont absolument pertinents : la pollution atmosphérique
et l'air irrespirable, la mal-bouffe industrielle et la pénurie
alimentaire, une canicule de plus en plus omniprésente,
le problème de la surpopulation, les problèmes
énergétiques, le fossé riches-pauvres,
une société instable où tout se monnaie,
où tout est géré par un petit nombre. Sans
parler de la condition féminine ! Effrayant...
NOTE : 17-18 / 20