Gaspard Noé + Dario Argento : difficile de faire plus
excitant, intrigant et... intègre.
Au petit matin un vieux couple se lève, en split screen
: le début d'une séparation de fait, car la dame
perd complètement la tête. A partir de là
j'entends déjà certaines mauvaises langues dirent
qu'il s'agit de ce genre de film où, si tu t'endors,
tu ne perds rien de la trame...
Vortex est envahi d'affiches de cinéma
comme autant d'hommage, d'affiches comme autant de clins d'œil
à une existence humaine dans son entièreté,
sa complexité ; et par là même on se retrouve
à mi-chemin entre le cinéma expérimental
(cette série de plans séquences, caméra
à l'épaule, pour chacun des deux protagonistes,
de chaque côté de l'écran) et le docu-fiction.
On pénètre littéralement la vie de ce couple,
sans fard, sans effets, sans coupures (si...), sans scénarisation
outrancière. Les personnes / personnages se dévoilent
petit à petit, se dévoilent à nous autres
spectateurs. Dans leur entièreté, dans leur complexité.
Difficile de mieux décrire le "drame" de la
vieillesse, de l'horrible dépendance de nos personnes
âgées, de décrire plus crûment la
maladie d'Alzheimer dans son triste quotidien. Épuré,
le film trouve le bon ton et, surtout, le juste point de vue.
Gaspard Noé tire le meilleur de son trio d'acteurs qui
effectue des numéros de longue haleine, absolument extraordinaires,
afin de dépeindre des êtres humains, avec chacun
leurs failles. Et le réalisateur-scénariste possède
l'intelligence d'user de parallélismes édifiants
dans chacun de ses plans "séparés".
Puis, au fur et à mesure que le drame se joue, il retrouve
la fameuse colorimétrie de son oeuvre.
Si The father
était formidablement, génialement suggestif (le
point de vue du malade, intérieur), Vortex
est son exacte, sa parfaite antithèse, objectif et externe.
Vrai, touchant. Une oeuvre à part dans la filmo de Noé
? Pas tant que ça.