Filmé dans un écrin noir et blanc, comme le flou
induit par les souvenirs.
Belfast narre la guerre civile en Irlande
du Nord, vue à travers les yeux d'un enfant : une toile
de fond pour ce qui reste avant tout une chronique familiale.
Car le film aurait pu / du se focaliser sur la difficile et
fragile cohabitation entre catholiques et protestants, entre
frères, entre voisins reconnaissant le même Dieu
mais n'appartenant pas à la même église
; il préfère de beaucoup suivre la vie d'une communauté
en Irlande, à la fin des années 60, dans un quartier
ouvrier de Belfast. Il lui manque quand même quelque chose
pour dépasser son propos, aller au-delà du feuilleton
sur les amours et la famille d'un jeune enfant. Ce qu'avait
pleinement réussi à faire, dans un tout autre
contexte, Hope
and glory.
Mais Belfast est non dénué de
charme et de qualités : la réalisation y est fluide,
incessamment traversée de plans absolument remarquables,
très fins pour qui s'y attarde un tant soit peu : j'ai
retrouvé ici le K. Branagh découvert au gré
des adaptations de Shakespeare et de celle de Frankenstein.
Une chronique toute en musique, empreinte de sincérité,
de tendresse, de drôlerie, et avec cet excellent et méconnu
acteur qu'est Ciaran Hinds (par ailleurs natif de Belfast !).
Et j'ai un véritable amour pour ces petites maisons ouvrières,
avec leur petite cour, leur simple étage et leur architecture
répétitive : tout un petit monde, toute une grande
histoire.
Un film tout en émotions auquel il manque sans doute
un angle d'approche plus approfondi et original.