Le biopic, genre casse gueule s'il en est : entre ces histoires
de personnages publics que l'on croit connaître sur le
bout des doigts et ces personnalités dont on aimerait
découvrir l'intimité d'une vie.
Impossible de ne pas comparer ce De Gaulle
avec l'extraordinaire biographie toute aussi partielle de Churchill,
celle mise en scène dans Les
heures sombres. Toute aussi partielle ? Encore
fallait-il choisir le moment essentiel et savoir retirer la
substantifique moëlle du personnage...
Son sens du discours, ses œuvres dans la guerre, l'amour
pour sa famille et ce fameux mois de juin 1940 sur lequel se
concentre le film. La première chose qui a stoppé
net mon intérêt est que le scénario s'en
tient à des faits purement historiques, chronologiquement
détaillés, tellement connus (la position de Pétain
face au gouvernement d'alors et au général...)
que l'on se croirait dans un cours un rien scolaire et surtout
un peu vieillot : on y évoque la seconde guerre mondiale
comme si c'était la première fois que le spectateur
en entendait parler ! Le film ne possède pas d'angle
d'approche novateur, de point de vue original, n'ose pas, ne
se dénude jamais. S'en trouve un héros complètement
lisse dont on ne semble retenir que les faits couvrant la seule
période 1940, très peu sur son passé et
absolument rien de sa fin de carrière chaotique. Ce De
Gaulle est réduit à un acte symbolique, certe,
mais étendu à loisir sans que l'on en retire quoique
ce soit ; insistant d'un autre côté sur le handicap
de la plus jeune fille du général, comme un symbole,
lui aussi, maladroit puisqu'il ne mène à rien,
pas même un sursaut d'émotion. Trop facile, trop
limpide, froid et manquant d'ambition : tout cela pour en arriver
au fameux discours...
Saluons toutefois les formes : même si on est loin du
film de Wright, les images sont parfaitement travaillées
pour nous plonger dans une ambiance "fin du monde".