Editorial
Filmographies
Le coin fantastique
Mail
Liens

 

Une pluie sans fin
Dong YUE
Budget = - M$
BOX OFFICE France = 543 / 6 748 - 56 000 - (80 000) entrées
BOX OFFICE USA = 26,5 / 35,3 / (173,9) M$
BOX OFFICE Monde = (236,5) M$
 

Memories of murders : voici le plus défaut de ce film ; rappeler à de (trop) multiples occasions une merveille du thriller sud-coréen : la pluie, les cirés, les crimes, une photographie léchée.
Des meurtres, deux enquêteurs. Et une relation de type FBI / police locale bien prononcée.
Si la réalisation ne s'avère pas toujours inspirée dans les scènes posées, elle s'offre, soudain, de formidables envolées lyriques, des cadrages impeccables et une intéressante architecture dans les plans. Bien appuyée par une photo "à la Fincher" -on pense entre autres à Seven-, des décors presque apocalyptiques, froids et glauques, une atmosphère humide et putride, et de sacrés personnages. Il lui manque pourtant un petit quelque chose pour transcender tout cela, en faire une oeuvre définitivement marquante, plus puissante, plus équilibrée.
L'autre intérêt du film est sa double grille de lecture thématique. Sa description du fonctionnement d'une usine chinoise (sécurité interne, récompenses, horaires...etc), ce besoin communiste de pouvoir tout contrôler, est contre-balancé par ce monstre humain et apolitique qui est incontrôlable et presque invisible à la justice. Et ce n'est donc pas seulement une histoire de meurtres...
Ce manque de puissance, parfois, que j'évoquais entre les mots, trouve sa contrepartie dans une toute autre approche du scénario : car le film n'est que la représentation contextuelle d'une société post-maoïste en pleine chute (le symbole de la dernière image est évident) et qui s'en va plonger dans le grand capitalisme, lui empruntant jusqu'à ses serial killers. L'identité du tueur n'est en fait que secondaire, mieux, elle n'est que symbolique, la clef de voûte des autres thématiques de l'oeuvre. Et à ce propos il existe toute une forêt de symboles cachés dans ce film : la vision de l'amour est profondément pessimiste et même dépressive, la notion de "vérité" tout à fait relative, le symbole du voyage est ici associé à la mort ; les relations entre les personnages sont presque nocives.
Si l'enquête est de prime abord très carrée, l'histoire, elle, est belle et bien tordue, elle s'épaissit, s'intensifie et se complexifie, le drame se démultiplie et s'en vient coller à la météo. Au final on restera envoûté par cet essai réussi.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

-