Incident sur fond de guerre à prétentions religieuses
et de blessures passées non cicatrisées, dans
le Liban d'aujourd'hui. Suite à un incident mineur, un
catholique profère une insulte intolérable envers
un palestinien, et la situation dégénère
en bagarre.
D'une situation claire (le palestinien voulait s'excuser, il
se fait insulter de la plus graves des manières) le film
ne laisse aucun doute quant à la culpabilité première
du chrétien, celui-ci étant colérique,
haineux, et n'appliquant pas les principes de sa propre religion
(ne dit-il pas : "Je suis pas Jésus"...) ;
face à un homme qui sait rester calme, avant une provocation
ultime.
Et la situation de s'envenimer et dégénérer
au plus haut point, loin de toute objectivité, bien loin
de l'argumentaire premier : s'ensuit une parodie de procès
"à l'américaine" (les malheurs de l'épouse
sont dus à son mari, et à elle-même, puisqu'elle
n'a pas appelé les secours. Point), de délires
abjects d'avocats générant et ouvrant des plaies
suintantes, ainsi que la preuve d'un monde qui ne tourne plus
dans le sens de la morale mais bien dans celui de lois impropres
et inhumaines, créés par des ces mêmes hommes.
Un procès dont l'issue ne fait pourtant aucun doute dans
la mesure où le film ne peut que plaider l'apaisement
et trancher intelligemment le débat.
Oeuvre aussi brûlante que provoquant volontairement l'agacement
(ce n'est pas le film qui est agaçant, mais bel et bien
l'espèce humaine...), arguant plus de "civilisation",
de religions que d'un vulgaire... tuyau d'évacuation
d'eau usée.
L'insulte évoque une escalade bien
connue de cette violence qui dépasse, et de loin, même
le plus abject des protagonistes : violence qui n'est autre
que le fruit d'une haine ancestrale et d'abominables amalgames
qui seraient censés pouvoir tout justifier, y compris
le racisme ; et je pose cette phrase comme une question ???
La réponse du scénariste est évidente :
disproportionnées, ces réactions à la souffrance
sont bassement humaines, et on en vient à se demander
qui, finalement, des deux protagonistes, est vraiment la victime
; avant de conclure que les deux parties sont en réalité
les victimes d'une société malade de sa propre
haine.
L'insulte est de ce genre de film qui sait
provoquer des réactions de la part des spectateurs, le
prendre à témoin et le forcer à sortir
de sa zone de confort. Je n'en atte,dais pas moins de la part
de l'auteur de L'attentat.
Rare.
Le monde serait tellement plus vivable avec des mots plus doux,
des pardons, du calme, des sourires : des gens qui commencent
par respecter leur propre religion, respecter l'autre avant
toutes choses, qui ne vivent pas leur vie au passé et
laisse leur poing dans leur poche. On peut rêver, non
?