L'attentat est une perle cinématographique
à bien des égards. Il nous plonge dans l'horreur
d'un attentat à Tel Aviv en entortillant le propos dans
une véritable et solide intrigue. C'est un film construit
comme un thriller, multipliant les thèmes, puissant comme
une bombe. Non pas un "film de plus" dénonçant
l'extrêmisme religieux, mais une démonstration,
une dénonciation brillante : une oeuvre à tendance
politico-religieuse, mais qui se met à hauteur d'homme,
à hauteur d' "Homme", le proche, l'ami, l'amant,
celui que l'on croit connaître, mettant à mal le
double préjugé du spectateur quant à la
véritable motivation du terroriste et sa véritable
origine ; le personnage du docteur est déjà de
ce fait un peu ambigu (un musulman dans les territoires juif)
et le restera jusqu'à la fin. Ici le terrorisme est vu
comme une tromperie : l'assassin est un menteur, il se ment
à lui même afin de mieux mentir à l'autre
et le laisser se bercer dans un bonheur fallacieux. Si la fin
est un peu rapide, les explications sont un rien expéditives
c'est parce que le scénariste se réapproprie le
film, tiré d'une oeuvre plus politique, et en fait un
symbole où les explications resteront ouvertes à
notre appréciation ; il n'en reste pas moins un film
magnifiquement réalisé, très aérien
et à la fois très carré, très dynamique,
très dur (le réalisateur a été l'assistant
de Tarantino), bien aidé par son montage en flashbacks
donnant un aspect "puzzle" absolument passionnant.
C'est un film qui fait réellement froid dans le dos et
lance une cruelle et effrayante interrogation : ne sommes-nous
pas tous des terroristes en puissance, nonobstant de nos religions
ou idéologies, un bouton à fleur de peau qui ne
demande qu'à être révélé par
ce besoin de vengeance inhérent à l'espèce
humaine ? Ou comment un attentat peut être vu comme une
(simple) tromperie, une déviance amoureuse avec ses dommages
collatéraux... qui ici sont étrangement des enfants,
ceux que ce couple n'a pas eu... Beaucoup plus fort que le tout
aussi récent et pourtant très réussi "Les
chevaux de Dieu".