Nous ne sommes pas en terrain connu, et ça fait le plus
grand bien à nos yeux sevrés de cartoons formatés
et / ou américanisés afin de séduire un
public trop peu exigeants. Mais il y a une vie ailleurs que
dans le monde de Disney. Ma vie de courgette
se veut être un véritable film d'animation, comme
le font les studios Aardman ou encore Laïka, avec des personnages
originaux et mêmes laids (leur beauté est toute
intérieure et ils trainent les stigmates de leur déprimante
existence...), aidé d'un script dramatique et surtout
tristement réaliste. Des enfants maltraités, orphelins
et obligés de se contruire en dehors d'un cadre familial
classique. Si je valide à 200 % le côté
visuel du projet, perle évocatrice où nos yeux
se perdent dans des décors uniques et renversants, avec
cette impression persistante que l'on se trouve dans la tête
de l'un de ses enfants, regardant le monde avec ses propres
yeux, le voyant comme une espèce de "maison de poupée",
avec des jouets tragiques. Exceptionnel. Et d'autant plus dommage
que le scénario ne suit pas le mouvement : simple et
touchant -pas assez-, il transcendera jamais son sujet en se
gardant d'aller trop loin, restant extrêmement basique,
restant à ce que l'on s'attendait de voir ; drame / abandon,
accueil dans un foyer, gros dur qui fait sa loi, love story
infantile, peur de perdre ses amis, famille d'adoption. Trop
classique, jamais surprenant, traînant même un peu
la patte. Les personnages secondaires auraient fait gagner de
la profondeur au film en étant développés
au-delà de leur drame personnel et quelques caractéristiques
de surface. Première déception concernant le travail
de l'excellente C. Sciamma (Bande
de filles ou Tomboy). Alors oui
: je suis resté sur ma faim, mais peut-être, et
même sans doute, parce que je cotoie ce type d'enfants
depuis des années et que je sais qu'il y a tant d'autres
choses à dire ; et à eux, et au public censé
les découvrir.