Le film fait mine d'être une oeuvre juste sur le monde
innocent et encore empli de rêve qu'est l'enfance. Mais
c'est pour mieux nous surprendre par la suite : car ce monde
est éphémère et succinct. Comme le style
picturale des oeuvres de son héroïne, le film avance
par petites touches : une chronique de la vie d'une très
jeune femme japonaise, éblouissante artiste, dans un
Japon encore pétri de traditions, de couleurs, d'odeurs
et de saveurs qui en font toute sa culture ancestrale. L'histoire
d'un pays engagé dans une terrible guerre et qui, en
1945, vit sous les bombardements quotidiens. Il est toujours
intéressant de voir le point de vue japonais de ces évènements
décrits tant et tant de fois depuis des regards américano-européens.
Il est utile de rappeller aux petits occidentaux que nous sommes
combien de drames absolument atroces se sont joués là-bas
; même avant l'abomination que fut le lancement des bombes
sur Hiroshima et Nagasaki... Mais ce n'est pas pour autant une
oeuvre pleurnicharde, à l'image de son héroïne,
forte, baignée d'un belle touche d'humour, entourée
de personnages touchants. Beauté et simplicité
du trait et des couleurs se mêle aux desssins stylisés
de Suzu. Une oeuvre toute en sensibilité et dont les
dernières images -exceptionnellement naturelles- vous
hanteront longtemps après leurs visions. Dans la même
veine que L'ile
de Giovanni ou le chef-d'oeuvre qu'est Le
tombeau des lucioles.