Le film s'ouvre sur une scène de viol et l'ambiance
détachée qui s'ensuit : le ton semble donné.
Mais l'oeuvre et son ex-sulfureux de réalisateur ne tiendront
jamais leurs promesses et livreront peut être ce que j'ai
vu de pire en la matière (pas si éloigné
que ça d'un Showgirls). D'emblée,
et c'est très personnel, j'ai eu grand mal avec le personnage
interprété par I. Huppert (j'ai d'ailleurs, avec
tout le respect que je dois à cette immense artiste,
beaucoup de mal avec son jeu) : une patronne / créatrice
de société de video game avec des allures de bourgeoise
"coincée" ? Une femme non ménopausée
à plus de 60 ans ??? Et je ne sais trop si c'est son
jeu ou le script, mais les dialogues sonnent immédiatement
faux et m'ont laissé constamment en retrait ; les personnages
mal dégrossis sont pour la plupart détestables
alors que l'on sent que ce n'est pas le propos du film ; même
s'ils se devaient de ne pas être trop hollywoodiens. Le
film tente avec toutes les peines du monde de démontrer
que la vie de l'espèce humaine tourne essentiellement
autour de leurs histoires de cul (tromperies, viols...) jusqu'au
moment d'une scène de masturbation tellement grotesque
que le spectateur est effectivement gêné : pour
la protagoniste et son interprète. Et je n'évoquerai
pas ici le bébé mat et ubuesque devant lequel
on perdra rapidement son sérieux - ce qu'un tel film
ne saurait souffrir. Elle, oeuvre montée
au burin et loin des exigences habituelles de son pourtant brillant
auteur, se décante un moment lorsque le dit auteur retrouve
ses marques : le trauma de l'héroïne lui permet
de toucher à l'essence de son art (plus axée sur
une réflexion autour de la violence) avant de se perdre
à nouveau. P. Verhoeven a semble-t-il laissé sa
griffe de l'autre côté de l'Atlantique, son oeuvre
parait avoir été construite de bric et de broc,
glâné ça et là, rapporté tel
quels, postiche au possible, comme s'il appliquait une recette
à la lettre, presque didactiquement, ratant le coche
et sonnant faux de bout en bout. La vieille momie qui se tape
des jeunes est d'ailleurs symptomatique de ce scénario
qui met constamment sous le nez des spectateurs des pancartes
avec marquées dessus : "Vous êtes dégoutés,
là ?". Non. Le film devient vaseux et oublie sans
nul doute l'essentiel : pour choquer le spectateur il faut le
piquer au vif et ne pas rester en surface, même si la
psychologie de l'héroïne restera le point fort de
l'oeuvre. C'est aussi vulgaire qu'inoffensif et il faudra se
replonger dans la filmo du maître, ou celle d'un Polanski
(Le locataire)
ou encore d'un Cronenberg (Crash)
si l'on veut ressentir les tressauts d'un choc cinématographique
profond, d'une brûlure de l'âme. Et puis franchement
-attention spoiler- : préférer I. Huppert à
V. Efira, ça ne tient pas debout une seconde ;)