Fuir. Changer du tout au tout ; ou plutôt du tout au
rien. Depuis la France jusqu'au fin fond de la Sibérie.
Fuir ce monde de fausses liberté puisque chronophage,
cette société où le temps nous échappe.
Ce film est beau mais une chose lui échappe : il nous
laisse philosopher à loisir sans approfondir son sujet,
sans nous guider, nous donner un point de vue plus détaillé,
plus constructif. Pourtant le challenge est réussi :
peu de dialogues, guère d'action, un aspect quasi documentaire
et pourtant nous resterons captivés. C'est l'histoire
(trop floue, car on ne saute pas ce grand pas sans une raison
plus forte que celle un peu vague du héros) d'un homme
qui va réapprendre à vivre, apprécier cette
vie en se confrontant à la difficulté, loin de
nos sociétés assistées et paresseuse où
le moindre grain de poussière dans l'engrenage devient
un drame hypocritement grave. Vivre pour soi mais sans égoïsme.
C'est également l'histoire d'une nature sauvage et d'hommes
devenus sauvages dans ces grands espaces froids et désertiques
; des aventuriers véritables. Les paysages sont somptueux
de robustesses autant que de beautés pures, magnifiés
par Nebbou, Personnaz trouve ici son plus beau rôle ;
il lui va comme un gant. Hésitant sans doute un peu trop
entre le docu (pas très approfondi sur la dure vie dans
ces contrées) et le drame fictif, il manquera à
la fois d'intensité et de précision, de ce symbolisme
fort qui caractérisait un The
revenant (la voix off aurait dû être bien plus
présente), et peut-être d'une vraie intrigue plutôt
que celle étrangement centrée sur le second personnage.
La confrontation pacifique entre l'homme qui a choisi cette
vie, et celui qui y a été contraint. Une belle
surprise.