Les années 70 américaines, dans une ambiance feutrée : Cécilia, 13 ans, tente de se suicider. Pourquoi ?
Ce qui saute immédiatement aux yeux du spectateur, plus qu'à ceux des jeunes voyeurs du quartier ici représenté, ce sont les caractéristiques de cette famille : intransigeante, extrêmement croyante, voir rigoriste, surprotectrice envers ses cinq filles. Virgin suicides est la description juste et précise, désabusée, de la jeunesse américaine aisée de ces années-là ; jamais caricaturale, mais un rien désespérée et macabre, absolument pas larmoyante. La mise en images incandescentes d'où se dégagent une bien étrange poésie, grotesque comme l'existence, permet à S. Coppola de coller à son sujet et de faire de son premier film un coup de maître.
Virgin suicides ce sont 5 jeunes filles fantasmatiques sur lesquelles plane comme une menace : le scénario évoque tout autant le délicat passage entre l'enfance et l'âge adulte, que le délicat statut de femme dans la société américaine (même si le narrateur dit le contraire) dans un contexte castrateur et de privations, contexte familial qui les étouffe à ne plus les laisser vivre. Le tout dans l'illusion du bonheur apparent d'un suburb américain ; un bonheur soudainement inquiétant et presque glauque, tant cette mise à mort se fait tout sourire. Sans explications explicites sinon celles que l'histoire égrène assez évasivement.
Le ton y est forcément atypique, le scénario écrit par petites touches, un témoignage parfois flou, comme un patchwork de vie que l'on raconte au gré de ses souvenirs.
Un choc.