Mr Bingham passe sa vie dans les avions, traversant les USA pour annoncer à des employés qu'ils viennent de perdre leur job. C'est son job. Jusqu'à qu'il soit rattrapé par la technologie.
G. Clooney campte un homme implacable, imperturbable, froidement professionnel, obsessionnel (son rêve plutôt grotesque...), réglé comme du papier à musique, détaché des choses de ce monde, sans coeur ; et narquois. Trouvant pourtant son pendant féminin.
Avec ses dialogues ciselés et décapants, drôles, In the air représente l'apogée, le comble d'un capitalisme devenu abominablement cinique, là où la valeur "travail" devient modelable et jetable à loisir, un monde où l'on joue au yo-yo avec des existences et où les entreprises deviennent lâches et méprisantes. In the air est une œuvre riche et profonde, complète, intelligente et fine, terriblement humaine. Une réflexion sur le sens de la vie, ce qui fait son essence, ainsi que notre place dans ce monde et la trace qu'on y laisse.
Avec des guests de prestige et une love story qui n'a rien de convenue, le scénario n'oublie pas ces petits détails qui font l'épice du film, et qui en font une grande oeuvre : le délire des photos qui vient finir de contrebalancer l'existence des membres de cette famile, les conférences ubuesques et des scènes absolument inoubliables, comme celle où un employé est viré pour la première fois via vidéo ; et celle à Chicago.
Un film inoïe et affreusement juste quant à la vacuité de notre monde libéral.
