Adrian Lyne chasse sur ses terres de prédilection dans
cette nouvelle réflexion sur l'infidélité
("Unfaithful" en anglais = "qui n'a plus la foi").
Travaillant au corps autant ses images que ses acteurs, sur
fond de tempête, comme une métaphore météorologique
de ce que ce couple qui va subir. Tout est surligné dans
cette histoire on ne peut plus classique du cinéma et
de la vie : l'attraction, le désir, la jalousie. Comment
une femme, heureuse en mariage, avec un enfant adorable, peut-elle
succomber aux charmes d'un inconnu ? Pour des raisons vieilles
comme le monde, semble nous dire le scénario : parce
que l'herbe est, croit-on, plus verte ailleurs... parce que
ce besoin de se sentir désiré est bassement humain.
Car l'auteur veut démontrer avec insistance que le bonheur
ne suffit pas à réfréner le désir,
et que le sexe serait au-dessus de tout...
Si Lyne prenait un parti plus féministe avec Liaison
fatale, démontrant le "mal" de
la situation dans toute sa complexité, par-delà
toute morale, il est plus conventionnel dans Infidèle,
se recentrant sur le sentiment de culpabilité. Mais il
laisse toutefois un blanc : l'égoïsme et la lâcheté
du jeune homme n'est jamais souligné ou même abordé
; il est comme ce "n'importe qui", inconnu et personnage
transparent, simple alibi sexuel. C'est surtout une étude
de cas ultra classique, attendue à chaque tournants,
qui se dissimule derrière une crudité de surface
mais ne dépasse pas le stade du film érotique.
Utiliser R. Gere, le tombeur du cinéma, à contre-emploi,
en mari trompé, victime d'un beau jeune homme, serait
l'idée de génie d'un film qui a déjà
été fait ; par le même auteur, dans diverses
oeuvres. C'est surtout son personage qui transforme le film
en thriller... sans pour autant le transcender en autre chose
que ce qu'il est. Une oeuvre trop classique. Simplement un peu
plus amoral.