Un homme marié et père de famille rencontre
Glen Close (que je trouve tellement moins belle que sa propre
épouse... mais qu'importe). Il succombe au supplice de
Tentale de façon foudroyante : mais il va tomber sur
un os.
Adrian Lyne, l'esthète, filme les corps avec volupté,
et ses images donnent corps à ses fantasmes, elles sont
de velours, usant d'une photo grisâtre, élimée,
ainsi que d'une série de plans qui ne paraissent jamais
vides, vides de sens ; un vrai régal pour les yeux.
Lyne filme ses sujets de prédilection (le sexe, le désir
et surtout la tromperie, au centre de 2/3 de ses oeuvres). Il
y ajoute un ingrédient plus rare au cinéma, au-delà
de la morale : le retour de flamme, où quand la femme
se refuse à n'être qu'une simple maîtresse,
objet de désir masculin sans conséquences, reprenant
en main son destin et faisant payer au centuple le prix de la
trahison à ce chantre de la masculinité, le forçant
à assumer ses actes inconséquents. Mais copiant
également l'égoïsme violent de celui-ci,
sans aucune considération pour son épouse bafouée.
Plus que la simple histoire d'un mari égoiste et menteur,
c'est l'histoire d'une maîtresse qui aime et souffre ;
puis se venge de cette souffrance, de ce rejet. Les personnages
ne sont jamais caricaturaux, ils aiment tous à leur façon,
sont tourmentés puis torturés à leur manière.
Et ce sont les sentiments que l'ont nourris respectivement et
évolutivement à leur égard qui font de
Liaison fatale un film immense et puissant
: on déteste ce mari queutard et coupable d'adultère,
devant la loi et la morale, mais qui finit pourtant par se poser
en victime (qui mérite un temps ce qui lui arrive puisqu'il
l'a cherché), le chatiment dépassant alors le
crime. On est attendrit par cette femme qui semble l'aimé,
puis se sent rejetté ; mais on la rejette à notre
tour, et plus encore face à sa réaction graduellement
irrationnelle et dont la jalousie tourne à la psychopatie.
Elle devient même une image du Mal lors de cette ultime
sccène que je n'avais guère apprécié
à l'époque... Et pourtant...
Le tempo du scénario est également l'objet de
toute notre attention : une emprise comme un étau qui
se ressert jusqu'au cauchemar et se métamorphose en une
lente plongée en Enfer, millimétrée et
imparable, effarante et effrayante ; un thriller 100 fois copié
mais jamais égalé. Et tellement éloigné
de sa réputation de film "moralisateur" que
certains critiques français ont essayé de lui
coller, tellement plus complexe.