Après un générique qui envoie du lourd, Croix de fer décrit avec vigueur -via une mise en image percutante, un montage acéré et parfois déstabilisant- la lutte entre deux officiers allemands aux idéaux radicalement opposés. L'arrogance, la fidélité au Reich, à l'armée germanique et à ses promesses de médailles, la discipline du capitaine Vs l'indépendance, l'obstination, la grande gueule, l'intégrité et l'insubordination du sergent chef.
Peckinpah décrit la déliquescence de l'armée allemande sur le front russe, dans un film sombre, crasseux, bruyant, masculin, claustro, cru, d'une violence inouïe. Un univers où le ciel semble avoir disparu tout au long du métrage. Décrivant le quotidien d'hommes plongés dans la folie de la guerre, Croix de fer s'apparente parfois à un véritable cauchemar, un cauchemar vers lequel on retourne, par fidélité à ses hommes, à sa morale. Traumatique. Le film s'avère rapidement être une très virulente tirade antimilitariste, surprenant par ses positions (notamment une séquence d'un féminisme virulent).
Un très grand film de guerre, impressionnant par ses combats et sa réthorique, en avance sur son temps, et un point de vue rare dans le cinéma américano-britannique.