Il a un don : il peut communique avec les gens qui viennent
de passer de vie à trépas.
Inarritu filme la pauvreté, les pauvretés : celle
d'un homme, mourant, qui a la charge de ses enfants, celle de
son ex-femme en grande détresse, et celle de nombreux
migrants, exploités parfois jusqu'à la mort. Inarritu
dénonce le commerce de la misère, où la
vie humaine se monnaie, ce même et odieux commerce qui
permet de sortir d'autres miséreux de la rue. Le scénario
évoque la maladie (cancer et fragilité psychologique)
et la mort, ainsi que toutes les laideurs de l'existence. Biutiful...
Biutiful ce sont des personnages aussi fangeux
que magnifiques et complexes, physiquement ou psychologiquement
usés, des gens biens, dans le fond, mais qui on choisit
le mauvais chemin, ou qui n'ont pas eu d'autres choix. Des gens
à la recherche de rédemption et dont le scénario
semble explorer l'âme jusque dans les moindres recoins.
Biutiful est souvent un voyage nocturne, en
terres grises, grises comme la dépression ambiante. Biutiful
devient saisissant en dénonçant les
drames de l'immigration clandestine vers ses pays riches de
l'Europe (ici, l'Espagne) où règne une autre forme
de misère. Biutiful est un drame poignant
car humain, circonspect, recherché et tumultueux.
Le film se pare de ces images crues dont le réalisateur
possède le talent unique d'en tirer le meilleur parti
; grâce, également, à une mise en image
uniquement caméra à l'épaule. Javier Bardem
écrase chacune des séquences de son immense talent,
magnifiant des images souvent chocs.
La puissance à l'état pur.