A chaque vision je reste irrémédiablement envoûté
par la mise en scène prodigieuse de ces numéros
de danse exceptionnels, depuis cette extraordinaire scène
introductive. La réalisation du duo est éclatante
et détonante, laissant à leurs danseurs / chanteurs
/ acteurs tout le loisir de s'exprimer ; ce qui contribue assurément
à rendre absolument immortelles ces chansons entêtantes
et sublimes : "Maria", "America" ou encore
"Tonight". Elles restent toujours d'une grande modernité,
autant que chargées de thèmes forts, traitées
avec une incroyable finesse d'écriture, rare et d'une
modernité étonnante : on y parle de drogue, de
violence, de sexe (le film reste très sexy), de pauvreté...
La puissance de ce chef-d'oeuvre de la comédie musicale
tient à la fois à sa forme et à son solide
fond ; l'intégration des communautés portoricaines
dans une Amérique où les migrants italiens sont
devenus de "vrais" américains. Oubliant au
passage que leurs parents ou grands-parents avaient le même
statut face aux premiers migrants. On y retrouve ses scènes
de racisme ordinaire que seul l'amour inter-communautaire semble
pouvoir briser : l'amour dépassant les frontières,
les cultures, les langues et les haines. Se posant des questions
essentielles : Qu'est-ce que être américain ? D'où
provient cette extrême pauvreté qui ronge les minorités
? Quel est le générateur de cette haine qui détruit
les sociétés humaines ? Comment contrer la spirale
de la vengeance, ennemie absolue de la paix ?
La danse met en exergue la violence du récit, la misère
des vies de ces jeunes désoeuvrés. La beauté
de la photo met en avant des couleurs chatoyantes, pastelles,
afin de compenser ce qui reste l'un des drames les plus poignants,
les plus forts du 7ème art, une oeuvre qui parle à
notre conscience sociale en tant que race humaine, à
notre conscience collective en tant qu'êtres humains.
Un chef-d'oeuvre immuable.