Mais qui a tué Harry ?
Nous abordons ce Troisième homme tout en étant accueilli par sa célèbre musique et, sans nul doute, par l'un des plus beaux noir et blanc de l'histoire du cinéma : noirs profonds et blancs lumineux.
C. Reed nous orchestre un impressionnant vertige, celui engendré par le paranoïa de son héros : cet américain invité à Vienne et découvrant que son hôte est décédé dans un accident et, surtout, dans des circonstances équivoques...
Le réalisateur se faufile dans les pas de Orson Welles : j'en veux pour preuve ces plans cadrés à la perfection, avec de sérieux airs d'expressionisme allemand. Angulations volontiers tortueuses, contre-plongées significatives, mise en scène inventive et précise -diaboliquement précise-, et importance des 1ers plans, des formidables jeux d'ombres et de lumière, de cette caméra subtilement, follement mobile...etc. Sans omettre ce montage aiguisé qui rend les séquences de poursuites encore plus mouvementées.
On se retrouve plongé corps et âme dans cette enquête, avançant à tâtons, la vérité émergeant par à-coups et les certitudes vacillants comme la caméra. Avec des personnages qui vous marquent : cette femme amoureuse et perdue, ce 3ème homme invisible et ces témoins qui disparaissent. Jusqu'au fameux twist.
Et comme décor une Vienne défigurée par la guerre et des crimes sourds, une capitale inquiétante, menaçante.