Dans sa première scène, et bien d'autres après,
James Bond retrouve tous les tics qui ont fait de ce personnages
une légende : une énorme course-poursuite (qui
ici se finira mal et lancera non seulement l'intrigue mais également
la thématique du film) et un générique
somptueux dont la conclusion ambibue et flou me laisse encore
rêveur ; aussi somptueux que la voix d'Adèle par
ailleurs. Toujours dans le ton. Il ne manquera rien, ou presque
: une James Bond girl de haut niveau (courte apparition de B.
Malohe, mais apparition très, très remarquée,
autant que remarquable), de bons mots qui fusent aux bons moments,
des scènes d'action à couper le souffle, des gadgets
(enfin... presque...) et une Aston Martin (pas seulement un
clin d'oeil : tout un symbole). Car ce Bond jette un regard
par dessus son épaule, à son lointain et glorieux
passé, et un autre vers un avenir à construire
; est-il trop vieux ? Est-il mort ? Car c'est de résurrection
qu'il s'agit ici : 007 longuement caché dans les ténêbres
dans les toutes premières scènes (somptueux jeux
d'ombres qui en disent long sur l'effacement et la fatigue du
héros), puis sa reconstruction (avec un passage par une
enfance inédite), un séjour en Enfer sublimé
par une photographie exceptionnelle, une résurrection
(la fusée qui le ramène à la surface) et
un nouveau départ, sur de nouvelles bases. James est
toujours plus réaliste, s'adaptant à son époque
(exit les gadgets), se permettant de ressortir la voiture de
sa gloire, se battre pour elle (sa destruction est une sorte
de déclencheur de sa colère) avant de "l'enterrer"
définitivement (?). Ici les acteurs, tous les acteurs,
sont hors normes : un Craig qui s'est totalement fondu au rôle,
un Bardem qui prouve à qui ne le sait pas qu'il est un
génie scénique, une Dench qui n'a pourtant plus
rien à prouver et des seconds rôles époustouflants...
seconds rôles ? Non : Bond ne vampirise plus l'action
; on y explore les passés de chacun, leurs diverses personnalités
(le passé de Bond, mais également celui de Silva,
de M, de Mallory ou de Séverine) et toute l'épaisseur
du film en découle directement, s'éloignant définitivement
à mon sens de la froideur assimilé au flegmatisme
britanique de l'agent secret. Le fond de l'acion est à
la fois classique (la vengeance mais sur la même base
thématique que tout le métrage), extrêmement
efficace et assez tordu pour nous surprendre. Action XXL pour
une oeuvre qui ne relâche jamais la pression : après
les avoir tous vu, je peux aisément clamer qu'il s'agit
de la meilleure aventure de l'agent secret, sa plus pointilleuse
etsa plus aboutie. Une perle. Et encore je n'ai pas évoqué
les clins d'oeil (le whisky 50 ans d'âge) et une scène
à tendance homo des plus osée...