Ce sera début 2012 que je découvrirai le meilleur
film français de l'année 2011 (sur un pied d'égalité
avec La guerre est déclarée).
Avant d'évoquer l'histoire de ce film -qui mettra tout
le monde d'accord et pourrait a priori avoir cette facilité
d'accès- je voudrais mettre les points sur les "i"
en précisant que si cet oeuvre est en tout point brillante
c'est grâce à ses acteurs et sa réalisatrice.
Ces acteurs que Maïwenn fait sortir de leurs gonds, de
leur image cinématographique ou scénique, leur
permet d'explorer des sentiers que quasiment aucun réalisateur
ne se permet de faire, qu'aucun acteur n'ose faire de peur d'écorcher
sa carrière : un Joey Starr émouvant et amoureux,
une K. Viard non plus hystérique mais blessée
et colérique, une S. Kiberlain qui trouve enfin une bonne
raison cinématographique d'être triste, une Marina
Fois qui s'impose de tout son poids, un A. Delon méconnaissable,
une A. Lamy ravagée et naturelle... sans oublier le moindre
des enfants qui a oeuvré pour ce film et dont certains
portent sur leur dos les deux scènes les plus bouleversante
du cinéma français depuis fort longtemps ; peut-être
que tout comme moi vous réapprendrez à pleurer
devant un bout de pellicule ?
C'est donc un film d'acteurs, avant toute chose, et c'est en
celà que ressort toute l'humanité du sujet, par
l'absence très juste de scénarisation et d'une
réalisation trop "travaillée" ; j'allais
oublier le principal : Maïwenn se donne le rôle de
la journaliste comme pour signifier la mise en abîme de
son rôle de réalisatrice, témoin quasiment
silencieux qui prend, qui capte des moments de vie sur le vif.
Brillant.
Tout comme le montage parallèle de la dernière
scène : une mort qui n'a pas été vaine
puisqu'elle a redonné la vie, l'envie. Maïwenn ne
c'est pas uniquement et un peu facilement concentré sur
son sujet rassembleur, reposez sur celui-ci en brodant une petite
histoire autour : elle s'est mise en retrait pour témoigner,
ne présente pas des héros puisque nous sommes
dans une espèce de docu-fiction au format surprenant,
pas vraiment rectiligne, simplement naturel : il y a la vie
des flics, professionnelle et privée, mais il y a des
apartés sur les drames qu'ils vont vivre, le tout dans
un témoignage cru et dur, soufflant, dénonciateur,
presque éducatif (lorsque Fred / Joey donne le bain à
sa fille avectoute la pudeur qu'il se doit) et qui nous force
à réagir de par sa violence, qui nous violente,
nous choque. De plus la réalisation reste extrêmement
lisible, fluide et discrète.
Un film étonnant, intelligent, poignant, jamais larmoyant
et absolument sincère qui fait naitre une émotion
incroyable.