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Les nouveaux sauvages
Damian SZIFRON
Budget = 3,3 M€
BOX OFFICE France = 1 076 / 20 061 - 160 000 - 526 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,085 / 0,3 / 3,1 M$
BOX OFFICE Monde = 27,0 M$
 

Les nouveaux sauvages est sans doute taillé dans le même bois que la saga des "Monstres" de Dino Risi. Et quelle pu***n de scène d'introduction qui donne le ton - et quel ton !- qui, hélas, laisse même assez perplexe après les récents évènements aériens... Qu'importe : il s'agit d'une fiction après tout. Pour tout dire je m'attendais à une espèce de Chute libre version espanisante, ce à quoi fait immédiatement pensé le 4ème sketch, mais c'est un film différent bien que tout aussi acide et flirtant avec une judicieuse amoralité qui résonne comme la seule réponse envers cette société malade et violente ; un film qui argue du thème vaste de la vengeance, des vengeances devrais-je dire, et de ses conséquences sans pour autant verser dans une morale attendue et surtout sirupeuse. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet laissez-moi vous dire que ce qui nous saute immédiatement aux yeux c'est la réalisation détonnante, pleine de finesse et d'une inventivité constante de D. Szifron : une perle visuelle, et sans doute ce que j'ai vu de plus beau et de plus abouti en provenance d'Argentine. Un réalisateur à suivre de très près, donc.
En substance voici le message du film : de tout acte négatif découle des conséquences négatives (le 3ème sketch jusqu'au-boutiste est à ce sujet hautement sympathique en rebondissements) et la bêtise humaine n'a pas plus de borne que sa bonté et son sens du sacrifice (Cf. les sketches n°2 et 4). Et c'est au travers d'une violence jouissive et d'un humour décapant -cocktail extrêmement explosif s'il en est- que le scénariste laisse le spectateur seul juge des actes qui lui sont contés, posant simplement les questions, suggérant seulement les réponses. Par exemple, le 5ème sketch s'intéresse autant à savoir si l'argent peut tout acheter (la réponse y étant assurément positive, bien qu'il y est un "mais") qu'à mettre en avant que la vengeance irréfléchie est un acte de malveillance. Le film ne condamne pas, n'incite pas, il suggère même que parfois la violence peut être salvatrice bien que très justement punie : le 4ème sketch est un vrai monument ; un homme pris dans un engrenage social et administratif "brazilien", un homme réaliste confronté à l'injustice quotidienne d'une société ultra-légiférée par des lois globalisantes et étouffantes, un homme qui tente de se rebeller contre un système où règne la justice de la pensée unique. On touche ici au sublime. Impression qui sera définitivement atteinte dans l'ultime sketch : indécemment intelligent son argumentaire tourne autour du fait que, ici, la vengeance réunie les deux ennemis puisque chacun y trouve son compte, même sous la contrainte. Un film qui fait sienne quelques idées évoquées par Rousseau, notamment celle qui énonce que l'homme est fondamentalement bon (seul, il lutte contre l'injustice) mais c'est la société qui le pervertie ; une oeuvre qui lit dans nos coeurs. Et une magnifique catharsis. Un petit chef-d'oeuvre et un grand moment de cinéma.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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