The lunchbox nous présente un cinéma
indien différent de ce à quoi j'ai été
habitué (mais je ne suis pas un grand spécialiste
du 1er cinéma mondial) : une réalisation moins
sophistiquée mais d'une finesse aussi intense que le
scénario (les subtiles transitions sont un vrai régal)
et un oeuvre qui dépasse sans peine le côté
"typique" de son sujet (les lunchbox et le rôle
des femmes). C'est un cas unique de relation culinaire, très
bien pensé, nous offrant une vision originale des relations
humaines, de leur complexité, assez philosophe (relations
avec le mari, avec cet inconnu sans visage, avec la voisine,
avec les parents, le collègue de travail) ; tout le monde
cherche ici à exister aux yeux de quelqu'un. Un film
qui possède une saveur toute particulière, celle
de la bonne cuisine, une oeuvre à fleur de peau, d'une
douceur incroyable, fait de rien, fait de peu de chose et pourtant
d'une richesse thématique, cinématographique et
sensorielle unique ; on ne la regarde pas : on la goûte
littéralement. L'auteur ne fait qu'y mettre en avant
la phrase célèbre de l'écrivain H.P. Lovecraft
: "Rien n'est plus atroce que la torture quotidienne de
la banalité" ; ce mauvais train qui peut nous emmener
dans la bonne gare n'est qu'une métaphore de l'imprévu,
du hasard, celui qui nous sort des rouages ennuyeux de notre
quotidien. Mais c'est également une histoire d'amour
subtile, extrêmement platonique, qui fait appel aux sens
plus qu'au regard ou même au corps (d'ailleurs la seule
vision de l'être aimée fait reculer l'amant), un
amour rare, sublime, sans trompettes hollywoodiennes avec quelque
chose de réellement magique. Un film goûtu.